Plus de coopération internationale, moins de faux policiers

Les cas d’arnaque flambent dans le canton. Une avocate fribourgeoise plaide pour plus de coopération internationale afin de coincer les escrocs.

Deux hommes ont été reconnus coupables d’escroquerie cet automne, dont l’un pour usurpation de fonctions en se faisant passer pour un policier. © Rédaction
Tous les coups sont permis pour les arnaqueurs… Faux assureurs ou faux policiers, ils usent de tous les moyens pour arriver à leurs fins. Cet automne encore, un jeune homme a été reconnu coupable d’escroquerie et d’usurpation de fonctions. Et il n’était pas seul dans le coup, selon l’ordonnance pénale.

Lui et un autre malfrat, son complice, avaient bien ciblé leur proie: une dame de 77 ans domiciliée à Estavayer-le-Lac. Le complice l’a appelée pour la prévenir d’un prétendu vol imminent: selon lui, elle devait remettre ses cartes bancaires avec les codes, des bijoux et d’autres valeurs pour éviter de se faire dérober. La deuxième personne entre en scène. Le jeune homme, se présentant comme policier, sonne alors chez la retraitée, montre un badge pour se légitimer, entre chez elle et récupère tous les biens que la septuagénaire avait rassemblés.

Le même jour, il effectue trois prélèvements dans un bancomat d’Estavayer-le-Lac, au moyen de cartes bancaires, pour un montant total d’environ 6’000 francs. Il a ensuite remis une partie du montant, ainsi que les bijoux, à une personne non identifiée en France.

Il a été condamné cet automne par la justice fribourgeoise à une peine pécuniaire de 50 jours-amende à 30 francs, avec sursis pendant deux ans, ainsi qu’à une amende de 300 francs.

Escroquerie à Fribourg

Autre affaire dans le canton, à la même période: un homme de 36 ans a été déclaré coupable d’escroquerie. Cette fois, il s’en est pris à une personne âgée de 96 ans en pleine rue de Romont, à Fribourg. Le malfrat a fait croire que sa propre fille était malade et que la situation était urgente. Il a demandé au senior de lui venir en aide en réclamant 1’400 francs. Le retraité s’est rendu dans un bancomat et lui a retiré 400 francs.

Récidiviste, l’escroc a été condamné à une peine pécuniaire de 30 jours-amende à 30 francs, sans sursis.

Être plus sévère pour dissuader?

Ce sont des modes opératoires connus: personnes âgées visées, levier émotionnel activé, précipitation, etc. certains de ces escrocs travaillent pour un boss et sont parfois récidivistes. Est-ce que leur peine est assez sévère pour les dissuader de continuer?

[...] Ce qui serait idéal pour améliorer la situation, c'est davantage de coopération internationale pour démasquer les commanditaires [...]

Pour l’avocate fribourgeoise de l’Etude Delta, Me Sarah Vuille, "le Code pénal suisse est suffisamment étoffé pour condamner sévèrement et convenablement ces faux policiers. Ce qui serait idéal pour améliorer la situation, c’est davantage de coopération internationale pour pouvoir démasquer les commanditaires qui se cachent parfois à l’étranger, bien à l’abri derrière leur téléphone". Elle ajoute que les personnes ayant commis une escroquerie simple peuvent être condamnées à une peine allant jusqu’à cinq ans d’emprisonnement ou à une peine pécuniaire.

Arnaque bien ficelée

Mais de plus en plus d’arnaques sont bien ficelées et menées par des groupes structurés. Ils usent d’astuces, de mensonges et de diverses mises en situation pour tromper leur victime. "Les magistrats peuvent juger que l’acte constitue une escroquerie par métier, c’est-à-dire une arnaque professionnalisée, répétée et organisée. Dans ce cas, la peine pécuniaire est exclue et une peine privative de liberté de six mois à dix ans peut être prononcée", précise l’avocate.

Les personnes lésées ont parfois honte de raconter leur mésaventure. Pourtant, l’avocate comme la police encouragent les victimes à en parler, que ce soit à leur entourage ou aux autorités pénales, afin de limiter ce type de phénomène. "Il faut renforcer l’information et la prévention en visant en priorité les personnes âgées, principales cibles des escrocs. Les campagnes doivent passer par les bons canaux, comme les écrans dans les bus, la télévision ou les journaux."

Non seulement mieux prévenir, mais aussi lever le tabou qui entoure les victimes. "Elles doivent pouvoir témoigner sans honte afin de permettre de sanctionner les auteurs. L’escroquerie est d’ailleurs une infraction poursuivie d’office, sans nécessité de déposer plainte", complète Me Sarah Vuille.

RadioFr. - Yann Girard
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