"J’ai ouvert à de faux policiers": le récit d’une victime
Une retraitée fribourgeoise raconte comment de faux policiers lui ont volé plusieurs milliers de francs après un appel piégé.

Les arnaques aux faux policiers, faux banquiers ou faux assureurs explosent dans le canton de Fribourg. Depuis le début de l’année, la police cantonale recense déjà une quarantaine de victimes et plus d’une centaine de tentatives d'arnaques. Derrière ces chiffres, il y a des trajectoires bien réelles. Comme celle de cette retraitée fribourgeoise, piégée début novembre.
Tout commence en fin de journée. Fatiguée, elle répond à un appel qu'elle n'aurait d'ordinaire pas pris: "Ici la police…", lui annonce une voix. On lui explique que des escrocs tentent de vider son compte bancaire et qu’elle doit se rendre immédiatement au poste. "Comme je ne peux pas me déplacer, pour des raisons de santé, ils ont proposé que quelqu'un vienne me trouver", nous raconte-t-elle sous couvert d'anonymat, par peur que ces faux policiers s'en prennent à elle.
Une “policière” sonne à sa porte
Quelques minutes plus tard, une femme se présente alors à sa porte. Uniforme, insigne, carte professionnelle: tout semble crédible. "J’étais en confiance", raconte la victime. La visiteuse reste à peine quelques minutes. Elle demande les cartes de la retraitée, prétendant devoir “sécuriser” les comptes.
La Fribourgeoise concède avoir eu "un tout petit soupçon", vite balayé par l’apparence impeccable de la fausse policière. Ce n’est que dans la nuit, réveillée en sursaut, que le doute s’impose. "Et si c’était des faux policiers ?"
Le lendemain, la réalité tombe
Au matin, elle tente de bloquer ses comptes, sans succès immédiat. Elle contacte alors la vraie police, qui lui confirme qu'il s'agit d'une arnaque. Plusieurs milliers de francs ont disparu. Des vrais agents viennent alors chez elle pour mener l'enquête. Du matériel informatique est réquisitionné pour tenter de trouver des empreintes digitales. La retraitée a porté plainte et elle attend aujourd'hui les conclusions de l'enquête de la police, qui est toujours en cours.
Concernant l'argent dérobé, peu de chances de le récupérer. Selon le site Moneyland, il existe des assurances "cyber" qui couvrent certaines fraudes en ligne. Toutefois, toutes n'entrent pas en matière lorsqu'il y a un "manquement de l'assuré", lorsqu'il ou elle partage ses codes, par exemple.
Un phénomène en hausse
La police cantonale rappelle que ces arnaques reposent sur la peur et l’impression d’urgence. Les scénarios peuvent varier: faux comptes bancaires compromis, accidents graves inventés, proches soi-disant en danger… L’objectif reste cependant le même: pousser la victime à agir sous pression.
Les enquêteurs soulignent que ces escroqueries sont souvent organisées par des réseaux structurés, qui recrutent parfois de jeunes complices via les réseaux sociaux.
Les conseils de la police cantonale
La Police cantonale fribourgeoise rappelle plusieurs règles simples pour éviter de tomber dans le piège:
- ne jamais remettre d’argent ou d’objets de valeur à qui que ce soit, même si la personne prétend être policier ou banquier;
- couper immédiatement le contact si le ton devient pressant ou déstabilisant;
- ne jamais laisser entrer un inconnu chez soi;
- appeler sans attendre le 117 en cas de doute, même minime.
Les autorités insistent: les personnes âgées doivent être particulièrement informées de ce type d’escroquerie.



