Violences faites aux femmes: un sapin pour briser le silence

Dès ce mardi, Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le hall de la gare de Fribourg abrite une œuvre de soutien aux victimes de violences.

Le concept du "Sapin porte-parole" vient de l'association Victime pas seule. Dans la gare de Fribourg, l'œuvre de bois prend une dimension technologique. © Frapp

Au milieu du va-et-vient incessant des voyageurs, l'œuvre ne passe pas inaperçue dans le hall de la gare de Fribourg. Loin des décorations festives habituelles, un "sapin porte-parole" invite les passants à libérer la parole et à soutenir les victimes de violences domestiques.

Conçu par les apprentis de l'eikon, en collaboration avec les clubs services féminins Zonta et Soroptimist, ce sapin stylisé marque la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes et le début des "Orange Days". Une campagne de sensibilisation qui durera jusqu'au 10 décembre. L'installation a été inaugurée lundi soir.

Le concept du "Sapin porte-parole" vient de l'association Victime pas seule. Dans la gare de Fribourg, l'œuvre de bois prend une dimension technologique. Elle invite les passants à scanner un code QR pour laisser un mot, une pensée de soutien.

Les messages s'affichent aux yeux de tous. Source: Frapp

"Avant, c'étaient des messages sur papier, beaucoup plus intimes. Mais là, on a décidé de le rendre digital afin que ces messages soient affichés pour tout le monde, pour que quiconque passe devant ce sapin se sente soutenu", explique Clémentine Couchet, apprentie en quatrième année en tant qu'interactive media designer à l'eikon. "C'est un projet qui m'a beaucoup tenu à cœur", confie-t-elle.

Des chiffres alarmants

Mais, derrière l'aspect artistique et interactif, le message est grave. Le sapin porte aussi en lui la mémoire des 25 féminicides recensés en Suisse cette année. Une liste rappelle les lieux des drames, les dates et les âges des victimes. "Le chiffre est alarmant", déplore Clémentine Couchet. Près d'une femme sur trois est victime d'agression physique et sexuelle au moins une fois dans sa vie, selon les chiffres de l'ONU.

Pour Thérèse Meyer-Kaelin, ancienne conseillère nationale fribourgeoise et membre du Zonta Club, cette action vise aussi à interpeller les autorités. Au-delà de l'hommage, elle appelle à des mesures concrètes. "Nous devons engager les autorités à bouger, soit par des lois, soit par ce numéro, le 142, qui va être mis en place", insiste-t-elle.

"Mais nous voulons aussi transmettre un message d'espoir", ajoute-t-elle. "On arrivera un jour à éviter ces drames, avec les bonnes infrastructures, avec la possibilité, pour les victimes, de parler assez vite pour éviter ces points de rupture qui vont jusqu'à la mort."

Frapp - Mattia Pillonel
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