Fribourg est plus touché par certains types de cancers

Les Fribourgeois sont légèrement plus touchés par le cancer que la moyenne suisse, selon la Ligue fribourgeoise contre le cancer. Interview.

Les cas de cancer vont encore augmenter dans le canton ces prochaines années. © KEYSTONE

Chaque année dans le canton de Fribourg, 1'800 personnes sont diagnostiquées d'un cancer. Un chiffre qui n'a fait que grimper, et qui continuera à le faire. Interview avec le Professeur Daniel Betticher, oncologue et Président de la Ligue fribourgeoise contre le cancer.

RadioFr. : Quelle est la situation actuelle à Fribourg?

Daniel Betticher: Si on prend le canton, la population a fortement augmenté durant les 20 dernières années. Il y a aussi un vieillissement de la population, avec de plus en plus de personnes âgées. Le facteur de risque le plus important du cancer, c'est l'âge. Donc, vous aurez plus de cette maladie en chiffres absolus. On est passé de 1'300 durant les années 2005 à 2010 à actuellement près de 1'800 cas par année. On parle en chiffres absolus, car chaque patient est important.

Par rapport à la Suisse, Fribourg a une situation un peu spéciale.

On n'a pas plus de cancers en général, mais comparé à la Suisse, on en a certains qui sont plus présents. Il y a par exemple 9% de cancers du sein de plus dans le canton de Fribourg comparé à la Suisse. Là, on peut se poser la question pourquoi? Il y a le surpoids qui est plus important chez les Fribourgeoises comparé à la Suisse. Elles pratiquent également moins de sports. Ce sont tous des facteurs de risque pour le cancer du sein.

Et chez les jeunes?

Chez les jeunes, par chance, le cancer est rare. Mais il existe! Il y a des données au niveau mondial qui montrent que celui du sein chez la jeune femme augmente. On peut se poser la question: est-ce qu'il y a des facteurs de risque qui se modifient aussi sur ces dernières années? Par exemple, un facteur de protection contre un cancer du sein est d'avoir une grossesse jeune. Est-ce que les femmes ont des grossesses plus tardivement? Bien sûr, mais ça n'est qu'une hypothèse qu'il faut maintenant étayer.

Pour les jeunes (et moins jeunes), trois gestes à avoir pour éviter le cancer?

Ne pas vieillir, mais ça on ne peut pas. Alors reprenons: ne pas fumer surtout, ça diminue de 20% le risque de cancer. Ensuite, ne pas boire trop d'alcool non plus, faire du sport et ne pas aller trop au soleil. J'en ai déjà quatre! Et puis, faire le dépistage du cancer pour, si on doit en avoir un, le capter rapidement avant qu'il soit trop avancé.

La population s'agrandit, la population vieillit. Le nombre de cancers va-t-il encore augmenter?

Oui, bien sûr. La population fribourgeoise demandera beaucoup plus de soutien d'un point de vue médical dans les années à venir.

Cette augmentation des cas d'un côté, des budgets de la santé serrés de l'autre, c'est quelque chose qui vous inquiète?

Bien sûr! Mais je reste confiant de savoir qu'on va quand même traiter nos patients fribourgeois. On ne peut pas les laisser aller ailleurs. On va s'occuper à monter cette infrastructure dans notre canton.

RadioFr. - Nathan Clément
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