Cancer du sein à 30 ans: le témoignage de Marisa
La Fribourgeoise a découvert sa tumeur par autopalpation. Sans dépistage systématique, le diagnostic est tardif chez les femmes jeunes

Marisa Santos est technicienne en radiologie. Le cancer, c'est un mot qu'elle entend au quotidien. Mais il y a un an et demi, quand elle palpe sa poitrine, comme elle le fait régulièrement, elle n'imagine pas une seconde l'épreuve qui l'attend. "J'ai senti une petite boule dans mon sein gauche et je me suis dit, c'est dans ma tête!"
Sauf que non. Ce qu'elle espère n'être qu'un kyste inoffensif est bel et bien un cancer. Marisa tombe des nues. Elle a 31 ans, des projets de voyage et de maternité, auxquels elle doit renoncer du jour au lendemain. C'est le début d'un long parcours: la chirurgie pour enlever la tumeur, les séances de radiothérapie, et de chimiothérapie. La trentenaire redoute les effets secondaires, finalement relativement supportables. Plus difficile, la perte de sa très longue chevelure. "J'ai mis longtemps à les couper, mais si c'était à refaire, je les couperais tout de suite."
A 32 ans, j'ai tous les symptômes de la ménopause
Actuellement, Marisa est sous hormonothérapie, traitement qu'elle doit suivre pendant cinq ans au moins pour éviter une récidive de son cancer. Il s'agit de bloquer la production et l'action d'hormones comme les œstrogènes qui stimulent le développement de cellules cancéreuses. Conséquence: "à 32 ans, j'ai tous les symptômes de la ménopause", précise Marisa, "les bouffées de chaleur, la prise de poids".
Mais éclaircie dans ce ciel couvert, la possibilité bientôt de faire une pause thérapeutique, le temps de mener une grossesse. Sur recommandation de ses médecins, la technicienne en radiologie a pris ses précautions avant d'entamer ses traitements aux effets souvent nocifs pour la fertilité. Elle a fait congeler ses ovocytes, une pratique que l'assurance de base prend en charge dans un cas comme celui de Marisa.
"Heureusement, on a diagnostiqué mon cancer à un stade précoce, ce qui a permis de limiter les traitements et éviter une mastectomie", déclare la jeune femme. À l'occasion d'Octobre rose, mois de prévention du cancer du sein, elle témoigne pour encourager les femmes, même âgées de moins de 40 ans, à être vigilantes: la maladie peut aussi les toucher.
Souvent un diagnostic tardif
Le nombre de cas de cancer du sein, chez les femmes de moins de 40 ans, est en effet en hausse. Et, en l'absence de dépistage systématique avant 50 ans, la maladie est souvent découverte à un stade avancé. Un constat que fait le Docteur Mauro Pugnale, radiologue au Centre Affidea Givision Daler. "Il est important de définir si les jeunes femmes ont des facteurs de risques." En s'interrogeant sur ses antécédents familiaux: les cas de cancer sont-ils nombreux parmi vos ascendants? Et quel type de cancer vos proches ont-ils développé?
En cas de doute, il est important de savoir si vous êtes porteuse des mutations génétiques BRCA 1 et 2, entraînant un très haut risque de cancer (près de 80% des femmes porteuses développent ou développeront la maladie). Et parmi ces cancers, beaucoup sont dits "triple négatif", à évolution rapide et contre lesquels certains traitements restent inefficaces.
Soyez donc pro-active, calculez vos facteurs de risques, s'ils sont importants, votre assurance maladie pourra accepter plus facilement de prendre en charge un dépistage même si vous êtes jeune. De préférence par échographie et IRM. "Les femmes de moins de 40 ans ont souvent des seins denses", précise le Dr Pugnale, "à composition essentiellement glandulaire. La sensibilité à la mammographie est moins bonne." Et puis comme Marisa, faites régulièrement une autopalpation, comme l'explique notamment ce petit tuto: