30 heures de fête non-stop au Nouveau Monde

Le centre fribourgeois fête ses 30 ans avec 30 heures de culture sans arrêt. L’ancien programmateur et la directrice parlent l’histoire du lieu.

Julia Zellwegger, directrice du Nouveau Monde, et Sylvain Maradan, ancien programmateur, étaient sur le plateau de Fribourg Fait Maison pour présenter le programme des 30 ans. © La Télé

Radio Fribourg: Les festivités commencent aujourd’hui à midi et se termineront dimanche à 18 heures. Deux invités étaient présents pour en parler ainsi que de l’histoire du Nouveau Monde: Sylvain Maradan, ancien programmateur, et Julia Zellweger, directrice du lieu. Trente heures de culture non-stop… vous n’êtes pas un peu fous?

Julia: Oui, je pense que c’est parti d’une idée un peu folle. Il y a six mois, on s’est dit: 30 ans, qu’est-ce qu’on peut faire? Alors allons-y: 30 heures et 30 activités. On change d’activité chaque heure. Sur le papier, il y a six mois, c’était une super idée. Aujourd’hui, en plein préparatifs, on a eu quelques sueurs froides… mais là, on est sur les starting-blocks.

Et ce ne sont pas que des concerts: il y a de la danse, de l’humour, des conférences, des expos, du théâtre… Vous vouliez montrer tout ce qui se fait au Nouveau Monde?

Julia: Oui, ce sont 30 activités qui représentent vraiment le Nouveau Monde: tous ces concerts, ces projets, ce qu’on programme tout au long de l’année. C’est l’esprit du lieu.

Sylvain Maradan, revenons un peu en arrière. Le centre culturel est né en 1993, route des Arsenaux. Le bâtiment a ensuite brûlé. L’association de l’Ancienne Gare a été créée, et en 2007, vous arrivez dans les locaux actuels. Vous y avez travaillé 15 ans. Racontez-nous.

Sylvain: Oui, j’y étais. Pas comme programmateur le premier jour, mais comme spectateur à l’ouverture du Nouveau Monde dans l’Ancienne Gare, avant, c'était Raphaël, Benoit et toute l'équipe à la tête du centre. Ensuite, il y a eu une année de rodage pour que le public apprivoise le lieu. Puis l’équipe a été renouvelée: un nouveau directeur, Julien, et moi à la programmation. On a tenté des choses, on s’est bien amusés, et le public est venu, de plus en plus nombreux. J’ai passé sept années là-bas, pleines d’aventures et de folie.

Vous avez quelques anecdotes?

Sylvain: Il y en a énormément! On a tout essayé, ou presque. Une fois, on a créé une radio pirate durant une journée, avec un jeu de piste dans toute la ville. Le soir, les gens venaient avec une radio portative pour une soirée surprise: des DJ mixaient dans l’appartement d’un ami, pour un public qui ne les voyait pas. On pensait attirer 500 à 1000 personnes: il y en a eu 1500, devant la prison de l’ancienne usine à gaz, devenue ensuite le Port de Fribourg notamment grâce à cet événement.

Après ces années intenses arrivent celles du Covid. Julia, vous arrivez juste après. Les habitudes du public ont changé: est-ce plus difficile aujourd’hui?

Julia: Le Covid a cassé quelque chose dans les habitudes culturelles. Il faut reconstruire différemment. Ça crée de nouveaux défis, mais aussi de nouvelles idées à tester.

Et en 2010-2011, qu’est-ce qui marchait, côté musique, côté ambiance?

Sylvain: Le Nouveau Monde a toujours été un lieu très varié: du métal à la salsa, des spectacles jeune public à la musique tzigane. On pouvait faire la fête jusqu’à 2–3 heures du matin, puis tout démonter, remonter le gradin et, le lendemain, accueillir les familles pour un spectacle avec des jus d’orange. On a programmé beaucoup de rock, de métal, de musiques actuelles et énormément de groupes suisses. La salle de 300 places est idéale et très modulable: on y a fait de tout, même des concerts punk à 450 personnes avec des fauteuils roulants dans les pogos. C’est ce qui rend le Nouveau Monde unique.

Julia, cet esprit-là, ce public varié, est-ce encore l’ADN du Nouveau Monde?

Julia: Oui, absolument. Et ça se voit dans la programmation des 30 ans: des concerts à 3 h du matin, dans les toilettes ou dans l’appartement où logent les artistes… On garde cet esprit d’expérimentation.

Et l’équipe? Cet enthousiasme, cette envie de faire vivre le lieu, ça se transmet?

Sylvain: Ce sont des métiers passion. En sept ans, j’ai travaillé avec des centaines, peut-être des milliers de bénévoles. C’est incroyable: des gens qui donnent leurs week-ends pour cuisiner, accueillir les artistes, gérer les soirées. Je n’ose pas imaginer combien de personnes sont derrière les 30 ans! Il y a un vrai attachement au lieu et à son esprit. Ils auraient pu inviter une grande star pour fêter ça. Au lieu de ça, ils font les “fous” avec plein de projets alternatifs.

Et le Nouveau Monde dans 10 ans, pour les 40 ans? 40 heures de fête?

Sylvain: Il y a dix ans, je savais qu’on fêterait les 30 ans, mais pas comment. Je suis heureux de vous voir comme ça aujourd’hui, et d’être encore en état de venir faire la fête ! L’avenir est difficile à prévoir: les pratiques évoluent vite. Mais les 40 ans auront lieu, c’est sûr. Le lieu n’est pas en péril. Les Fribourgeois, les Fribourgeoises et même les gens de l’extérieur y sont très attachés.

La Télé - Karin Baumgartner / Adaptation web: Yann Girard
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