Sens Unik: "On assume totalement notre côté old school"

Radio Fribourg est à L’Estival Open Air (30 juillet-2 août) d’Estavayer-le-Lac cette semaine pour vous faire vivre cette 33e édition ! Interview avec Sens Unik.

15 ans plus tard, Sens Unik est de retour sur scène. © Raphael Sybilla

Radio Fribourg : Groupe légendaire, on peut le dire, avec un concert à 18h30 sur la grande scène... on a le plaisir d’accueillir Sens Unik ! Carlos, Déborah, Just One… comment vous allez ?

Carlos : On va plutôt bien, contents d’être là. C’est que notre deuxième concert depuis qu’on s’est retrouvés. Le premier, c’était hier à Berne. Franchement, un accueil incroyable, on ne s’attendait pas à autant d’amour.

Et ce soir à Estavayer, vous êtes prêts à remettre ça ?

Carlos : Carrément. On est au bord du lac, dans une région qu’on connaît bien. On est prêts et motivés.

Déborah, hier, au niveau du public, c'était qui ? Des nostalgiques ? Des plus jeunes ?

Déborah : C’était super varié. Il y avait des gens de notre âge, bon, un certain âge, on va dire (rires), mais aussi des enfants sur les épaules, des sourires, beaucoup de sourires, beaucoup, beaucoup de love, vraiment incroyable.

Quand on revient après 15 ans sur scène, qu’est-ce que l’on ressent ?

L'émotion vient essentiellement de la chair de poule qu'on a ressenti sur scène au moment du départ, on avait presque les larmes aux yeux. Le temps pendant lequel on a disparu et le temps depuis lequel on existe est suffisamment long pour que la nostalgie touche sur la bonne note dans le cœur des gens. Et hier, les enfants s’éclataient autant que leurs parents.

Le rap, aujourd’hui, a bien évolué, mais pour vous cela reste communicatif ?

Carlos : Oui, très, je crois que les textes d'hier sonnent particulièrement bien aujourd'hui. On déteste l’expression « le rap d’avant, c’était mieux ». Je crois que c'est vraiment des aires musicales qui sont très différentes, mais on est aussi là pour rappeler quel était le genre de l'ère première.

Déborah : On assume totalement notre côté old school, pour nous ce n'est que du bonheur, cela nous permet de connecter avec tout ce qu'on mettait en place déjà à l'époque., la danse, le rap, les graffes. C’est associé à de l'émotionnel, des souvenirs.

Ces retrouvailles après 15 ans, c’était quoi le plus excitant… et le plus flippant ?

Déborah : Pour moi, c’était la voix. Je ne chante plus depuis des années, à part des mantras dans mes cours de yoga. On s’était dit au début qu’on allait peut-être appeler un coach ou même des choristes, mais finalement cela ne s’est pas fait, et ça va. Je suis rassurée.

Carlos : On ne voulait pas revenir et décevoir d'autres publics, donc on a bien bossé. C'est sûr que, par exemple, le souffle aussi, pour nous, les rappeurs sur scène, il faut vraiment envoyer. Et puis à l'époque, on avait des textes conséquents, on rappait beaucoup, il y avait beaucoup d'informations. Donc c'est vrai qu'il y a des moments pendant le concert où il faut vraiment te tenir debout. 

Vous êtes aussi revenus dans vos lieux de départ, comme le Flon à Lausanne… Émotion au rendez-vous ?

Just One : Évidemment. C’est un quartier qui nous a vus grandir, à l’époque où il n’y avait rien. C'était nos débuts, donc c'était très excitant, on avait de la place pour travailler, pour faire des choses. Depuis, le rap est devenu ultra-populaire. Tu l’entends dans les pubs, les supermarchés, même dans les ascenseurs ! Mais on vit bien ce changement. On a aussi bossé pour ça. Le fait que cette musique soit devenue si présente, c’est quelque part une reconnaissance.

Dès le début, vous aviez du soutien ?

Carlos : Oui, des groupes comme Aïa ou même MC Solaar nous ont tout de suite dit qu’ils aimaient notre son. Ça nous portait. À l’époque, on était très peu nombreux, donc tout le monde se connaissait. Marseille, Paris, Lausanne… c’était une vraie famille.

Lausanne a joué un rôle important dans cette histoire ?

Carlos : Lausanne a été un centre névralgique du rap francophone. Avec notre label Unique Records, on a été les premiers à défendre cette culture de manière indépendante. On faisait du break, des graffs, du son… et souvent, les gens se moquaient de nous. Mais on tenait bon. On défendait une musique que peu comprenaient à l’époque.

Aujourd’hui, le rap est partout. Ça vous fait quoi de voir cette explosion ?

Carlos : C’est impressionnant. Le rap est devenu un phénomène culturel global. Il est dans la mode, la pub, les médias… et c’est beau à voir. Parce que ça vient d’une vraie révolte, d’un cri de la rue. Et maintenant, c’est une force énorme. On est contents d’avoir fait partie de cette aventure depuis le début.

Et ce soir, à quoi peut s’attendre le public à l’Estival ?

Carlos : À un moment d’émotion, vraiment. On a une heure, donc on a dû faire des choix. On a plus de 120 morceaux, alors forcément, on ne peut pas tout jouer. Il y aura des classiques, évidemment, mais aussi des titres moins connus. Il y a un fil rouge. On veut que les plus jeunes comprennent l’histoire du rap français en Suisse, et que les plus anciens retrouvent leurs souvenirs.

Vous serez aussi au Venoge Festival le 15 août, et d’autres dates à venir ?

Carlos : Oui, on tourne encore un peu. Les infos sont sur nos réseaux. Et ce soir, on commence à 18h30, peut-être même 18h25 si tout va bien (rires). On invite tout le monde à venir tôt, prendre un verre… et danser avec nous !

RadioFr. - Virginie Pellet
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