Dépoussiérer le recrotzon pour animer Cerniat

Le "Recrotzon”, un mot issu du patois fribourgeois, pourrait être traduit par « encore une fois ». Une appellation bien trouvée pour cette fête généralement organisée une semaine après la bénichon, afin de terminer les restes du repas traditionnel.

Et à Cerniat, le jambon, le lard et les pommes de terre étaient au menu du restaurant du village ce samedi. Dans les cuisines de l’Auberge de la Berra, le cuisinier Daniel Perroud s’affaire depuis des jours : « C’est une semaine de préparations en amont. Il faut cuire le jambon, le saucisson et le lard pendant des heures, peler les pommes de terre… Ça prend énormément de temps », explique-t-il, tout en veillant aux marmites fumantes destinées aux 80 convives du restaurant.

Redonner vie à un village

Comme ailleurs dans le canton, la tradition du recrotzon avait presque disparu. Mais il y a quelques années, un groupe d’habitants de Cerniat a décidé de la faire renaître. « On s’est dit que c’était intéressant de relancer une fête pour conserver notre culture, nos valeurs et amener la bonne humeur des fêtes d’automne », raconte Vincent Andrey, membre du comité d’organisation. 

Son père, Pascal Andrey, président du comité, souligne l’importance de cette manifestation pour le village : « Il y a quelques années, on n’avait plus de fête villageoise. On est tout de même un petit village de montagne, un peu retiré. C’était important de regrouper les habitants autour d'une fête. »

Une journée de retrouvailles

Ce samedi, plus de 300 personnes — soit presque autant que d’habitants — étaient attendues dans le centre de Cerniat. Entre le marché artisanal, les activités pour enfants et le repas du recrotzon, le village était animé. « C’est surtout l’occasion pour les Cerniatins qui habitent à l’extérieur de revenir voir des amis, de la parenté. Mais il y a aussi des personnes que je ne connais pas, qui ont sûrement entendu parler de l’événement et du marché artisanal. C’est une belle journée de rencontres. Le but est atteint », se réjouit Pascal Andrey.

Et les sourires sur les visages en témoignent. Trois sœurs, revenues pour l’occasion, savourent ces retrouvailles. « On revoit ceux avec qui on était à l’école », confie l’une d’elles. « Quand on était jeunes, on fêtait la bénichon et il y avait des ponts de danse. Maintenant, ça n’existe plus, mais ça nous permet de nous remémorer des souvenirs », ajoute sa sœur. Leur cousin conclut dans un sourire : « Cette manifestation permet de resserrer les liens dans le village ! »

Un effort collectif

Derrière cette fête, trois associations locales unissent leurs forces : Les Amis de Cerniat, l’Amicale des P’tits Lins et la Société de jeunesse. La fanfare de Charmey, L’Edelweiss, dans laquelle joue aussi des habitants de Cerniat, dont le président, Alexandre Charrière : « C’est important pour nous, ce sont nos traditions, nos racines. La fête est à l’image de notre village : conviviale et populaire. Pour moi, c’est une fierté de pouvoir venir jouer à Cerniat ».

Le soleil est apparu en début d'après-midi pour le plus grand bonheur des Cerniatins et des Cerniatines.