Vers la fusion de la 4e plus grande commune sarinoise?
La population d'Autigny, Chénens, Cottens, La Brillaz et Neyruz réfléchit à une fusion. Cette nouvelle entité compterait 8235 habitants.

Une séance d'information sur ce gros projet de fusion a eu lieu lundi soir dans les cinq communes en même temps. La participation était élevée. A Cottens, par exemple, la salle paroissiale sous l'église était pleine. A Neyruz, 120 personnes y ont pris part, à Autigny elles étaient environ 80.
La population a reçu un bulletin de vote par courrier ces derniers jours. Il s'agit uniquement à ce stade d'un sondage à renvoyer d'ici le 26 septembre prochain et non d'un vote définitif. Les résultats seront publiés dès le 28 septembre sur les sites internet des communes.
Centraliser les services
Si les avis sont positifs et que le projet de fusion aboutit par la suite, sous la législature 2026-2031, cette nouvelle commune serait la quatrième plus grande du district de la Sarine, après Fribourg, Villars-sur-Glâne et Marly. Le vice-syndic de Cottens y voit l'occasion d'avoir plus de poids lors de la prise de certaines décisions, notamment à l'Association régionale de la Sarine, mais aussi d'augmenter l'efficacité des autorités communales en partageant certaines tâches et centralisant certains services.
Claude Magnin prend en exemple le domaine des constructions: "Au conseil communal, nous ne sommes pas des professionnels. Nous devons demander l'avis d'un architecte, d'un urbaniste. Avec la fusion, on pourrait mettre en place un système, avec un poste disponible à 50% par exemple, qui permettrait de répondre beaucoup plus vite aux demandes de la population."
A Autigny, la syndique va dans le même sens. "Cela fait des dizaines d'années que l'on veut fusionner! On ne peut pas comparer les tâches des conseillers communaux d'aujourd'hui avec celles d'il y a 25 ou 50 ans. La complexité a tellement évolué", confirme Dominique Haller Sobritz.
Fiscalité, déchetteries et écoles
Lors des séances d'information, les citoyens ont fait part de leurs inquiétudes concernant la fiscalité, bien sûr. Notamment à Cottens, où le taux d'impôt de 80% est le plus bas des cinq communes concernées, contre le taux le plus haut: 91,7% à Chénens.
A combien se monterait le nouveau taux, si les communes venaient à fusionner? Les autorités admettent ne pas pouvoir encore répondre à cette question. "Il faut d'abord attendre les résultats du sondage et ensuite mener une analyse financière pour décider d'un nouveau coefficient", explique Jean-Pierre Corpataux, syndic de Neyruz.
Difficile également d'assurer qu'une administration sera maintenue dans chaque commune. Par contre, la déchetterie récemment réaménagée de Cottens et toutes les écoles des communes semblent garder une place importante dans le concept.
"Déplacer tous les élèves n'aurait pas de sens et nous n'avons pas de site assez grand pour tous les accueillir au même endroit", assure Jean-Bernard Siggen, conseiller communal en charge des écoles à Cottens. De futures collaborations pour améliorer l'offre en accueil extrascolaire pourraient par contre peut-être être organisées lors d'un rapprochement entre les cinq communes.
La rénovation de l'Aigle Noir plane
A Neyruz, la population a également manifesté des craintes par rapport à deux crédits très importants qui n'ont pas encore été votés, concernant l'école et le restaurant de l'Aigle Noir. Les autres communes pourraient-elles s'opposer à ces travaux à l'avenir? La question a aussi été posée par des citoyens de Cottens, inquiets de voir leurs finances plonger avec ces futurs investissements.
"En tant que "petite" commune, on a toujours peur de se faire "bouffer" par les autres. Mais le but d'une fusion n'est pas de bloquer le développement des voisins en refusant des crédits. Il faut être solidaire et penser sur le long terme. Nous pourrons aussi profiter de ces infrastructures plus tard", répond Claude Magnin, vice-syndic de Cottens.
Mais ces propos n'ont pas suffi à rassurer certains citoyens qui ne sont pas favorables à la fusion. "Voulez-vous vraiment payer plus d'impôts pour financer les infrastructures des autres?", demande un habitant de Cottens à l'assemblée. "Je suis d'accord avec le Conseil communal qui dit qu'il ne faut pas rater le train de la fusion, mais j'aimerais prendre un Intercity, alors qu'ici on nous propose un wagon marchandise", image ce même citoyen, en faisait allusion notamment à l'enquête administrative en cours à Chénens.
Depuis 2015, ces cinq communes ont tenté à plusieurs reprises de s'unir, entre elles ou avec d'autres entités. Aucun de ces projets n'a abouti. Dernier essai entre Autigny et La Brillaz en 2020, la population d'Autigny votait OUI à environ 81% à une fusion, contre seulement 43% des votants de La Brillaz.