Les repas solidaires attirent toujours plus d'enfants

Du 25 décembre au 1er janvier, Banc Public servira 2000 repas solidaires. Entretien avec son co-directeur, Benoît Schaller-Mottas.

Banc Public a multiplié les menus enfants par six, explique son co-directeur. © La Télé

La Télé: Pour la 11ᵉ année consécutive, vous organisez des repas solidaires pendant les fêtes. Comment se présente cette édition?

Benoît Schaller-Mottas : Pour la 3ᵉ année consécutive, nous attendons entre 200 et 250 personnes par jour en moyenne durant ces repas solidaires, du 25 décembre au 1ᵉʳ janvier. C'est considérable quand on sait que le reste de l'année, à Banc Public, nous servons environ 90 repas quotidiens. Cette augmentation durant les fêtes montre qu'il y a beaucoup de personnes seules et de gens qui souffrent de précarité financière et économique qui viennent profiter de ces repas gratuits.

La solitude joue-t-elle un rôle important dans cette affluence?

Oui, en partie. Il y a des gens qui cherchent à sortir de la solitude, des personnes qui ne bénéficient pas de nos prestations le reste de l'année. On voit malheureusement aussi parfois plusieurs générations à une même table : des grands-parents, des parents, des enfants qui n'ont pas toujours les moyens de se payer un repas au restaurant ou de se réunir autrement. Beaucoup de personnes seules viennent également participer. L'isolement est vraiment un problème.

Vous constatez une forte augmentation des enfants qui fréquentent Banc Public. Que nous disent ces chiffres?

C'est effectivement une nouveauté préoccupante. Il y a deux ans, nous servions 335 menus enfants pour toute l'année, soit environ un par jour. En 2025, nous avons déjà dépassé les 2000 menus enfants. Cela montre une augmentation impressionnante de la précarité chez les familles. Ces familles ont de plus en plus de peine à joindre les deux bouts et doivent faire des économies partout où elles peuvent pour continuer à payer leur loyer ou, par exemple, des frais dentaires à leurs enfants. C'est le chiffre qui nous inquiète le plus.

Pouvez-vous faire davantage pour aider ces familles?

Nous n'avons pas énormément de moyens pour aider les familles directement. Les prestations complémentaires famille, acceptées l'année dernière, arrivent progressivement. Mais nous n'avons pas vocation à aider directement les enfants - il y a des institutions spécialisées pour cela, et il faut des autorisations particulières pour s'occuper d'enfants. Notre rôle est surtout de réorienter les familles vers les services qui peuvent leur venir en aide et vers les prestations dont elles peuvent bénéficier.

Quels autres profils sont en augmentation?

Les personnes à l'AVS représentent un autre profil en forte augmentation. On voit des gens de 65, 70, 75 ans qui arrivent à Banc Public après avoir souvent travaillé toute leur vie. Ils disent ne plus s'en sortir financièrement, ne plus arriver à joindre les deux bouts. Ils sont aussi en précarité sociale, c'est-à-dire isolés. Ce sont souvent des personnes révoltées, qui ont l'impression d'avoir tout fait juste : travaillé toute leur vie, fait une formation, contribué au tissu économique du pays et du canton. Et elles se retrouvent finalement, à l'âge de la retraite, sans la possibilité de vivre correctement.

Plus d'informations sur les repas solidaires

La Télé - Camille Tissot
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