Marly: ils avancent dans leur traitement contre Parkinson

Des scientifiques d'Innomedica planchent sur un nouveau médicament qui permettrait de freiner la maladie. Une nouvelle étude va démarrer.

Camille Peitsch, responsable recherche et développement chez Innomedica et Peter Halbherr, le PDG. Innomedica compte 60 collaborateurs. © RadioFr.

Ce nouveau médicament développé par une équipe d'Innomedica vise à freiner la progression de la maladie de Parkinson, qui provoque notamment des tremblements et la raideur des muscles. Et il est très prometteur.

Le traitement contient une molécule dont les propriétés anti-inflammatoires et protectrices des neurones sont connues depuis des années. L'innovation des scientifiques fribourgeois réside dans le mode d'administration du traitement. Pour simplifier, le principe actif est emballé dans des acides gras, injecté dans le sang et transporté ainsi emballé jusqu'au système nerveux.

Les premiers essais cliniques ont démarré en 2021 sur 11 patients. Ils ont été prolongés cinq fois depuis, et viennent encore d'être prolongés d'un an. "Ce sont les patients et leur médecin traitant qui en ont fait la demande, nous avons accepté", relate Camille Peitsch, responsable recherche et développement chez Innomedica, basée au MIC, à Marly.

40 patients à recruter

Cette étude permet de s'assurer que le traitement n'est pas toxique, d'étudier les éventuels effets secondaires, et donne des premières indications sur l'efficacité du médicament. Pour confirmer cette efficacité, une nouvelle étude doit débuter avant l'été, impliquant 40 patients, selon Camille Peitsch. "Vingt patients recevront le produit, vingt autres un placebo. Nous analyserons ensuite la différence d'efficacité qui existe entre les deux groupes".

Cette étude servira également à déterminer combien de patients seront nécessaires pour l'étude suivante, la dernière avant la mise sur le marché. Innomedica espère commercialiser son traitement contre Parkinson en 2027 ou 2028.

L'entreprise biomédicale utilise cette innovation liée au mode de transport d'une molécule dans d'autres secteurs, comme pour la recherche contre le cancer. Dans ce domaine, Innomedica développe depuis des années une chimiothérapie, utilisée par exemple pour combattre le cancer du sein, qui réduit les effets secondaires pénibles.

Trente malades ont reçu ce nouveau traitement entre 2018 et 2021. Les premiers résultats, sur le dosage et les effets secondaires, sont positifs, tout comme la comparaison avec une chimiothérapie classique. Une partie des conclusions vient d'être publiée dans la revue médicale européenne dédiée au cancer, l'autre paraîtra bientôt. Problème: Innomedica attend toujours le feu vert du gendarme du médicament.

Demande d'une autorisation temporaire

"Swissmedic exige que nous réalisions maintenant une nouvelle étude, plus large, sur des centaines de patients", commente le PDF d'Innomedica, Peter Halbherr. Un travail compliqué à réaliser pour la start-up marlinoise, que ce soit au niveau du financement qu'il faut trouver, du nombre de malades qu'il faut recruter ou encore des principes actifs qu'il faut dégoter, dans un contexte de pénurie de produits médicaux.

Que faire alors? Innomedica espère maintenant obtenir une autorisation temporaire du médicament, sur deux ou trois ans. "Ce serait un signal très important des autorités envers les investisseurs, pour confirmer la faisabilité du projet."

L'entreprise est d'ailleurs soutenue par un groupe d'oncologues qui ont pris position publiquement pour réclamer cette autorisation temporaire, couplée à la mise en place d'un registre destiné à recueillir les commentaires et analyses des patients sur ce traitement, de manière rétrospective.

Les négociations se poursuivent avec Swissmedic. En attendant, Innomedica s'apprête à lancer sa traditionnelle campagne de levée de fonds. Objectif cette année: réunir 12 millions de francs entre mars et avril. Aujourd'hui, la société compte un peu plus de 1'300 investisseurs.

RadioFr. - Maëlle Robert
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