Cap Saveur: la cuisine comme recette d'intégration

Yordanos a le sourire mais peine encore à s'exprimer en français. Pourtant, la ressortissante érythréenne vit en Suisse depuis une dizaine d'années avec ses deux enfants. Mais faute d'un emploi stable et d'activités en dehors de son domicile, elle n'a pas développé son réseau social et amical. Et peu pratiqué la langue.

Manque de qualifications reconnues

Mais avec le projet Cap Saveur, mis en place par le Service fribourgeois de l'action Sociale (SASoc), en partenariat avec GastroFribourg, Hotel & Gastro formation, l'OSEO Fribourg, l'ORS et Caritas Suisse, la mère de famille espère enfin s'intégrer.

"C'est difficile quand on vient d'ailleurs de trouver un travail ici, souligne Wanda Gerum, conseillère orientation à l'OSEO et job coach, surtout quand les qualifications ne sont pas les mêmes". C'est justement cette base de connaissances que Cap Saveur propose de donner aux migrants. La douzaine de candidat.e.s retenu.e.s ont suivi un mois de cours de français intensifs, un mois de formation pratique en cuisine à GastroFribourg et accomplissent actuellement un stage de plusieurs semaines dans un restaurant du canton.

Gilles Martin, le patron de La Fleur de Lys à Porsel avec sa fille et son beau-fils, n'a pas hésité longtemps. "Nous sommes une entreprise formatrice, nous avons toujours eu des apprentis et des stagiaires". L'établissement a donc répondu présent à l'appel de GastroFribourg et accueilli Yordanos dans sa cuisine.

Elle comprend bien ce qu'on lui demande. Mais nouer des contacts en dehors, c'est compliqué !

"ça se passe très bien, les échanges se font et elle comprend ce qu'on lui demande, relève Gille Martin, en revanche en dehors, c'est compliqué de nouer des contacts". Mais Yordanos s'accroche. Elle a déjà travaillé en cuisine, notamment celle de l'Université de Fribourg où elle a aussi fait du service. Rien de pérenne jusqu'ici. Elle espère donc beaucoup de ce nouveau projet.

Le programme Cap Saveur est ouvert aux titulaires d'un permis F, S ou B réfugié âgés d'au moins 18 ans. Son objectif est double: aider les migrants à intégrer le marché du travail, mais aussi apporter une solution directe au manque de main d'oeuvre dans le secteur de la restauration.

Yordanos, elle, achèvera son stage fin novembre avec à la clé un certificat attestant de sa formation d'aide de cuisine. Peut-être le sésame pour un emploi stable et une véritable intégration.