Une congrégation de sœurs quitte Fribourg pour de bon
Elles ne sont plus que trois à occuper la maison communautaire du quartier de Pérolles. Sœurs Dominique, Marie et Cécile font leurs bagages en septembre.

Cours de langue, d'école ménagère, de comptabilité ou encore de dactylographie… Les jeunes filles du pensionnat des sœurs de St-Joseph de Cluny, qui a accueilli plus de 3’000 élèves entre 1931 et 1990, avaient fort à faire. À l'époque, la structure recevait principalement des jeunes suisses allemandes qui venaient y apprendre le français. Les sœurs s'occupaient également de quelques dames âgées de la région, logée dans "la maison des dames."

La Sœur supérieure actuelle, Dominique, a rejoint la maison en 1968, après avoir fait sa formation de religieuse et des études pour l'enseignement du français à Paris. "Au début, il y avait beaucoup d'élèves", se remémore la Fribourgeoise. "Il y en a eu jusqu'à quatre-vingts. Il y avait aussi une vingtaine pensionnaires et dix-huit sœurs dans la communauté. On était une grande maison avec beaucoup d'activité."
Aujourd'hui, elles ne sont plus que trois à occuper le lieu. La congrégation a donc décidé de fermer le lieu le 15 septembre et de placer les trois religieuses encore installées à Fribourg dans diverses maisons pour sœurs âgées en France.
Une décision difficile à vivre pour la plus jeune des trois (à tout juste 80 ans!), qui ressent encore un fort attachement pour sa région natale et pour la maison de la rue Guillaume-Techtermann. "Quand on a vécu tout ce que j'ai connu, c'est difficile de partir", confie Sœur Dominique. "Rien que de quitter la maison, de tout ranger, c'est énorme." La Fribourgeoise s'efforce de prendre ce chamboulement avec philosophie. "Nous sommes dans les mains de Dieu, il ne faut pas l'oublier", sourit-elle.
40 ans de missions
Soeur Marie a rejoint le groupe il y a deux ans pour remplacer la sœur qui s'occupait de gérer l'économat. Formée à Fribourg, puis dans la maison mère de l'ordre à Paris, elle a été missionnaire pendant une quarantaine d'années.
En 1967, elle connaît l'expulsion des religieux étrangers de Guinée. "Le président Sékou Touré nous a tous mis dehors en moins d'une semaine. Nous étions à peu près quatre-vingts." Marie reste en Afrique durant vingt-cinq ans après cette expérience. Elle sera aussi envoyée aux Antilles avant de rejoindre la communauté en région parisienne, où elle est restée une dizaine d'années.
À 86 ans, la religieuse espère encore se rendre utile dans la maison pour sœurs âgées de Cluny, où il partira en septembre. "Je pense qu'on me donnera quelque chose à faire. J'ai encore un petit peu de jus, on verra sur place ce qui me conviendra et ce qui conviendra à la communauté!"
Du pensionnat à la crèche
À leur arrivée en 1912, les sœurs de St-Joseph de Cluny travaillent comme infirmières dans une clinique de Fribourg. Dans les années 20, elles fondent un foyer, qui va recevoir des étudiantes, puis des pensionnaires âgées.
La communauté s’élargit entre les années 30 et 60, avec l'ouverture du pensionnat et de son école ménagère, d'un noviciat pour la formation des jeunes filles qui veulent rejoindre les ordres et la construction d'une chapelle.

Entre 1980 et 1990, le nombre d'élèves diminue. Le pensionnat finit par fermer et les dames pensionnaires quittent aussi petit à petit le lieu, au fil des décès et des placements en EMS. La villa se retrouve en grande partie vide.
C'est en 2002 que les sœurs sont contactées par la crèche pour le personnel de l’université. Installée juste à côté au Centre Fries, elle manque de place et cherche de nouveaux locaux. Les religieuses leur proposent alors de s'installer dans l’ancienne maison des dames pour profiter des grandes cuisines et de la salle à manger.
Depuis, les enfants peuvent aussi profiter de la grande cour du bâtiment, où ils peuvent jouer, mais aussi planter des légumes et des fruits dans des bacs, pour le plus grand plaisir des sœurs. "Je viens voir les voir tous les jours", annonce Sœur Dominique en montrant les pommes en train de pousser.
Pour officialiser leur départ, les sœurs de la congrégation organisent une messe d'adieux le 22 août dans leur chapelle. La cérémonie sera accompagnée par le Chœur de Cluny, fondé en 2007 par des membres de la famille d'une ancienne religieuse de l'ordre, Sœur Henriette.