Un colloque pour penser les métiers du social à la HETS-FR
Fribourg accueillera pendant trois jours un important colloque international. Au centre des préoccupations, les métiers du social.
La HES-SO et ses quatre hautes écoles de travail social accueillent depuis mercredi et pour trois jours un colloque international à Fribourg. Quelque 350 chercheurs vont se pencher sur les enjeux en lien avec les métiers du social, avec cette question en ligne de mire, comment humaniser le travail social?
La Télé: Les métiers du social en manque d'humanité, Joël Gapany, est-ce que cela reviendrait à dire que ce sont les cordonniers qui sont les plus mal chaussés ?
Joël Gapany: Pas exactement, mais c'est vrai qu'il y a de nouveaux défis qui permettent de poser cette question à propos des travailleurs sociaux et des travailleuses sociales. Ce qu'on constate aujourd'hui, le titre du colloque le dit, c'est toute une série de dilemmes qui se passent dans un contexte où, d'un côté, on incite à davantage d'autonomie nos bénéficiaires, et d'un autre côté, le nombre de contraintes qui pèsent sur eux, qui pèsent sur nous, augmente.
La Télé: Vous parlez de dilemmes, quels sont-ils ?
Joël Gapany: C'est une situation un peu paradoxale, où on dit à des gens "aller vers plus d'autonomie, mais vous aurez plus de redevabilité" dans un contexte qui, par ailleurs, est davantage contraint.
Et cette situation place les travailleurs sociaux et les travailleuses sociales face à de nouveaux défis, face à de nouvelles contraintes. Et c'est sur ces questions que nous souhaitons apporter un éclairage particulier, en l'abordant dans des thématiques très concrètes qui concernent notre école, mais qui concernent aussi le canton de Fribourg.
La Télé: Pour prendre un exemple concret, vous allez aussi vous pencher sur les personnes en situation de handicap. Est-ce que vous pouvez nous expliquer en quoi ça change la vision ou la manière de travailler pour les travailleurs sociaux ?
Joël Gapany: Depuis un certain temps maintenant, on intègre les bénéficiaires en situation de handicap dans nos cours, dans nos formations, au titre d'experts de vie. C'est clairement cette logique d'autonomisation, cette logique d'inclusion.
D'un autre côté, effectivement, on voit que toute une série de nouvelles contraintes pèsent dans ce secteur. Et le défi, c'est de dire comment est-ce qu'on intègre ces personnes vers plus d'autonomie, tout en tenant compte d'un contexte qui impose ces contraintes à ces personnes et qui les rend aussi redevables de l'activité qu'elles peuvent avoir.
En clair, on dirait : "On parle avec plutôt que sur", si on devait résumer notre approche.
La Télé: Pourquoi est-ce important pour l'ensemble de la société de prendre soin des métiers du social ?
Joël Gapany: Je crois qu'une société, on le dit souvent, se mesure à l'inclusion du plus faible de ses participants. Ce sont des gens qui font société avec nous dans un canton qui insiste, notamment dans sa constitution, sur l'importance de la cohésion sociale. On contribue en ce sens aussi au développement du canton, au même titre que d'autres secteurs d'activité.
La Télé: Dans une semaine, vous allez accueillir quelque 165 nouveaux étudiants en vue de la rentrée du 15 septembre prochain. On ne va pas dire que c'est la pénurie en Romandie, mais elle guette ?
Joël Gapany: C'est très clair. Les hautes écoles de travail social en Romandie ont pu documenter une situation de pénurie, notamment en ce qui concerne les travailleuses sociales de niveau HES. Donc nous accueillons beaucoup d'étudiants pour répondre aux besoins de la société.