Redevance: le Tessin serait le plus impacté par un oui

L'acceptation de l'initiative visant à diviser par deux le financement de la SSR aurait des répercussions économiques plus importantes en Suisse italienne qu'en Suisse romande et en Suisse alémanique, selon une étude commandée par l'Office fédéral de la communication. Une centralisation affaiblirait en outre particulièrement les régions périphériques comme le Tessin.

Les citoyennes et citoyens suisses se prononceront sur l'initiative sur la SSR le 8 mars 2026. © KEYSTONE/Jean-Christophe Bott

Selon l'étude de l'institut suisse indépendant de recherche BAK Economics, la valeur ajoutée brute - c'est-à-dire la contribution de l'activité de la SSR à la performance économique - est certes la plus faible en valeur absolue en Suisse italienne. Mais sa part dans l'économie globale y est quatre fois plus élevée que dans les autres régions. En Suisse alémanique comme en Suisse romande, la valeur ajoutée s'élève à 0,1%, contre 0,4% en Suisse italienne.

"Par rapport à l'ensemble de l'économie régionale, c'est au Tessin que l'impact de la SSR est le plus significatif", écrivent les auteurs de l'étude. La part de son effet global sur l'emploi par rapport à l'ensemble des postes de travail est ainsi de 0,8% dans ce canton et de 0,9% sur les revenus des salariés. L'importance de la SSR est donc environ quatre fois plus élevée au Tessin qu'en moyenne nationale.

Au niveau national, l'impact de la SSR sur les revenus des salariés est de 0,3%, soit trois fois moins. C'est donc dans la zone italophone que la SSR a "la plus grande importance économique globale", indique l'étude. Celle-ci a été réalisée en 2015 sur mandat de l'Office fédéral de la communication (OFCOM) et actualisée en mai 2024. Fin 2024, 1124 personnes travaillaient pour la RSI.

Nombre d'emplois disproportionné

Selon l'étude, un peu plus de la moitié des emplois de la SSR sont situés en Suisse alémanique, un peu plus d'un quart en Suisse romande. S'élevant à 18%, la part des emplois en zone italophone est nettement disproportionnée par rapport à la population qui y réside.

Selon une simulation de modèle, un oui à l'initiative "200 francs, ça suffit" entraînerait une baisse de la valeur ajoutée d'environ 46% pour la SSR elle-même et pour les entreprises qui profitent directement ou indirectement de ses mandats, ajoute Michael Grass, responsable du secteur Analyse de branche et d'impact chez BAK Economics, interrogé par l'agence de presse Keystone-ATS.

Il n'était pas possible d'obtenir des informations plus concrètes sur les éventuelles conséquences rédactionnelles pour la RSI. Le service de presse de la RSI renvoie à celui de la SSR, qui précise qu'en cas de oui à l'initiative, cette dernière devrait "réduire sa présence" dans les régions.

Minorités linguistiques lésées

"Nous ne pourrions pas éviter de centraliser massivement", explique le porte-parole. Cette centralisation et cet affaiblissement des régions auraient des conséquences particulièrement néfastes pour les minorités linguistiques et les régions périphériques.

"En cas de oui à l'initiative, il y aurait en général moins de journalisme régional, moins de productions propres, moins de sport et moins de culture", détaille le porte-parole. Selon les calculs de BAK Economics, l'acceptation de l'initiative pourrait entraîner une baisse de 59% de la valeur ajoutée en Suisse italophone et la suppression d'environ 550 postes (-57%).

"La RSI est d'une importance fondamentale pour la Suisse italienne : elle garantit une couverture complète de la région et promeut la langue italienne ainsi que la culture locale", poursuit l'étude. La SSR évite ainsi que cette région ne se retrouve isolée.

Un démantèlement de la RSI aurait "de graves conséquences pour l'économie locale, la formation professionnelle, la scène culturelle locale et son développement" ainsi que pour l'industrie audiovisuelle régionale et la préservation du patrimoine culturel. "La communauté italophone des Grisons serait particulièrement touchée", souligne l'étude.

"La RSI a un potentiel d'économies"

A la question de Keystone-ATS de savoir si une éventuelle acceptation de l'initiative n'appauvrirait pas le canton du Tessin, déjà plutôt faible au plan économique, le comité d'initiative écrit: "Si l'on veut renforcer les entreprises, il est d'autant plus important que cette double imposition tombe enfin".

"Les collaborateurs paient déjà une redevance par ménage et l'entrepreneur paie en plus un impôt sur les entreprises jusqu'à 50'000 francs. Cette double imposition injuste doit tomber. L'initiative allège la charge les entreprises, mais aussi des familles, des ménages individuels et de la classe moyenne", argumente le comité.

Interrogé par Keystone-ATS, le conseiller aux Etats tessinois Marco Chiesa (UDC), membre du comité d'initiative, reconnaît que le Tessin a besoin d'un service public. L'initiative ne le remet selon lui pas en question.

"La RSI dispose de moyens disproportionnés par rapport à SRF et à la RTS - c'est juste et cela restera ainsi même avec l'initiative", assure-t-il. Mais pour lui, la RSI a "un potentiel d'économie certain et est - comme la SRF et la RTS - surdotée". "C'est pourquoi l'initiative est juste", soutient Marco Chiesa. D'après ce dernier, la SSR doit se concentrer "sur sa mission principale", au Tessin également.

Les résultats de l'étude BAK Economics ne surprennent en revanche guère le directeur de la Chambre économique tessinoise Luca Albertoni. Il est clair qu'un démantèlement aurait des répercussions sur la région, explique-t-il à Keystone-ATS. Tout démantèlement a une influence sur l'ensemble de l'économie régionale, souligne-t-il.

ATS
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