Vaud: généraliser les bodycams pour les policiers

Après deux nuits d'émeutes et un scandale autour des messages racistes et sexistes, le Conseil d'Etat vaudois réagit.

La mort d'un jeune scootériste de 17 ans après une course-poursuite avec la police a provoqué des émeutes dans le quartier de Prélaz, à Lausanne. © KEYSTONE

Le gouvernement vaudois a réagi pour la première fois aux événements qui secouent la police lausannoise. Le conseiller d'Etat en charge de la sécurité et de la jeunesse Vassilis Venizelos parle d'"un enchaînement de séquences choquant". Parmi les mesures pour apaiser la situation et restaurer la confiance, le ministre plaide notamment pour des bodycams (mini-caméras).


"Aujourd'hui, il ne fait pas bon d'être policier dans le canton de Vaud compte tenu des différentes affaires que nous avons pu observer. Il y a une succession d'événements qui interpelle. Nous devons prendre très au sérieux cet enchaînement de séquences qui est choquant", a déclaré mercredi M. Venizelos dans la Matinale de la RTS.

"La succession de ces événements génère énormément d'émotions. Elle suscite aussi beaucoup de demandes de réformes. Différentes réformes sont d'ailleurs déjà en cours. Nous serons évidemment attentifs aux propositions. Nous continuerons à avancer sur ces réformes pour faire en sorte que le lien de confiance entre la police et la population soit préservé. C'est essentiel. C'est une priorité du gouvernement", affirme le conseiller d'Etat écologiste.

Projet de loi imminent

"Il ne peut pas y avoir de sécurité et de cohésion sociale sans confiance, et cela passe notamment par la transparence. Typiquement, les bodycams. Nous allons prochainement venir avec un projet de loi pour généraliser le port des bodycams, donc de mini-vidéos sur les agents de police", a dit M. Venizelos

"J'ai eu différents retours du terrain d'agents de police qui ont testé ces bodycams (...) La plupart du temps, lorsque ces mini-caméras sont enclenchées, cela permet une désescalade, de régler le problème, avant qu'il n'y ait une intervention quelconque. C'est un outil qui mérite d'être généralisé très prochainement à l'ensemble de la police cantonale", a-t-il expliqué.

Parmi d'autres mesures concrètes, il a cité le renforcement des modules de formation, une possible réforme et unification organisationnelle des actuelles dix polices cantonales et un contrôle plus efficace avec une police des polices. "Je n'ai aucun tabou" sur ce qui doit être analysé, a-t-il ajouté.

"Une minorité"

S'agissant des émeutes de dimanche et lundi soirs à Lausanne, Vassilis Venizelos dit n'avoir "pas encore assez de recul pour dresser le profil des jeunes qui les ont provoquées", soulignant que ces événements sont "inacceptables". Il réfute en revanche toute comparaison avec les débordements dans les banlieues françaises. "Non, on n'en est pas encore là. La comparaison est caricaturale".

"Mais ces jeunes qui craignent la police, ça doit aussi nous interpeller (...) Nous devons travailler avec la Commission des jeunes et différents partenaires pour comprendre pourquoi ce lien de confiance avec une partie de la population est rompu".

Sur les révélations de racisme, de sexisme et d'antisémitisme au sein de la police lausannoise, M. Venizelos s'est montré très clair. "C'est une minorité qui vient salir l'uniforme. Nous devons donner une réponse forte face à ces différents événements. Les personnes à l'origine des messages et images sur messagerie n'ont rien à faire dans la police", a-t-il insisté.



"Plusieurs agents m'ont interpellé ces derniers jours à la suite de la publication de ces différents messages. Ils m'ont dit leur colère et leur dégoût (...) Aujourd'hui, la cote de popularité de la police est excellente, sans doute même meilleure que celle des politiciens ou des journalistes. La grande majorité des agents de police font bien leur travail", conclut-il.

ATS
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