Infertilité: le natel serait-il l'ennemi du spermatozoïde?

Lors de la conférence procréation médicalement assistée à l’HFR hier soir, plusieurs experts ont abordé cette pratique et répondu aux questions du public.

Dorothea Wunder, docteure spécialisée en gynécologie, a présenté hier soir à l'HFR les différentes étapes et techniques de la PMA. © Rédaction

Qui a dit que c’était facile d’avoir un enfant? Probablement la cigogne. Ce n’est en tout cas pas ce qui est ressorti hier soir de la conférence sur la procréation médicalement assistée (PMA) à l’Hôpital fribourgeois. Le ton était donné d’emblée avec des chiffres marquants: dans les pays développés, un couple sur six fait face à des difficultés pour concevoir. En Suisse, 10 à 15% des couples rencontrent actuellement des complications.

Environ 30% des cas d’infertilité sont liés à des facteurs masculins, 30% à des facteurs féminins, 30% à des facteurs mixtes, et 10% restent inexpliqués. Les causes sont nombreuses et bien connues, qu’il s’agisse d’hommes ou de femmes: facteurs génétiques, consommation de substances (drogues, médicaments, alcool), troubles hormonaux, âge…

Depuis quelques années, une nouvelle cause liée l’alimentation se confirme. "Ce qu’on observe de plus en plus ces dernières années, ce sont les problèmes d’obésité chez certaines patientes. Ce facteur réduit les chances de grossesse et augmente les risques de fausses couches et de prématurité", explique Dorothea Wunder, docteure spécialiste en endocrinologie gynécologique. 

Le natel, ennemi du spermatozoïde

Dans l’assemblée, un homme lève la main: "Le natel cause-t-il l’infertilité chez les hommes, mythe ou réalité?" La question fait mouche. Selon la docteure Wunder et son collègue, le docteur Slim Khedhri, plusieurs urologues évoquent l’impact potentiel des ondes des téléphones portables dans leurs rapports.

"Garder son téléphone dans la poche du jean chauffe la zone proche des testicules et la chaleur peut affecter la mobilité des spermatozoïdes", répondent-ils. Il n’existe toutefois pas encore d’étude scientifique concluante. "Par précaution, il vaut mieux éviter de le porter dans la poche", ajoute la docteure Wunder. 

Pas de miracle

"La PMA ne fait pas des miracles", insiste-t-elle. L’HFR dispose de tous les traitements, équipements de pointe et d’un laboratoire certifié (Fertas), mais rien n’est garanti. Les chances de grossesse restent limitées: environ 15% par cycle en moyenne pour une insémination intra-utérine, ou 50% pour une fécondation in vitro (FIV), 35% pour les jeunes femmes.

La PMA comporte aussi des risques, notamment avec la FIV, qui peut entraîner des complications chez la femme:

La PMA n'est pas sans risque

Un parcours lourd, tant physiquement que financièrement. L’assurance de base couvre les examens diagnostiques, les traitements hormonaux de stimulation et l’insémination, mais "à partir de 38-40 ans, certaines assurances peuvent refuser de prendre en charge l’insémination, il faut donc faire attention et demander", précise Dorothea Wunder. La FIV, elle, n’est pas prise en charge, sauf en cas de traitement stérilisant antérieur (par exemple une chimiothérapie pour un cancer). La facture pour cette technique tourne autour de 9'000 francs, variable selon les protocoles et le nombre d’essais.

Soutien psychologique

Dépenses, intrusion dans l’intimité sexuelle, traitements hormonaux… La PMA peut être un véritable parcours du combattant pour un couple. Laura Kaelin, psychologue à l'HFR a détaillé hier soir les émotions vécues: sentiment d’échec, isolement, culpabilité, rumination ou stress. "Je reçois souvent une seule personne du couple. Elle vient sans trop savoir d'où vient le stress ou la dépression qu'elle ressent." 

Elle recommande une pratique issue de la psychologie positive. "C'est le compas du bien-être, un concept qui permet de limiter les épisodes d’anxiété ou de stress. Il aide à comprendre et à évaluer les différentes dimensions de l'épanouissement", explique Laura Kaelin.

Un travail mené autour de quatre axes: sommeil, alimentation, émotions, social. Mieux les ajuster au quotidien permettrait de mieux gérer la charge mentale du parcours. 

Frapp - Yann Girard
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