"Pauses humanitaires" exigées au Soudan

Les Etats-Unis, la Suisse et plusieurs autres pays dont l'Egypte, l'Arabie saoudite et les Emirats arabes unis ont appelé mercredi à des "pauses humanitaires" au Soudan. Ils se disent "consternés" par la dégradation de la situation dans ce pays ravagé par la guerre.

L'appel demande aux parties au conflit de prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et permettre et faciliter l'accès humanitaire aux personnes dans le besoin (image d'illustration). © KEYSTONE/AP

"La situation au Soudan s'aggravant et les besoins humanitaires atteignant des niveaux critiques, les parties au conflit doivent prendre des mesures urgentes pour protéger les civils et permettre et faciliter l'accès humanitaire aux personnes dans le besoin, conformément à leurs obligations", ont déclaré ces pays dans un communiqué commun au nom également de l'ONU et de l'Union africaine.

La coalition de pays "est consternée par la détérioration continue de la situation humanitaire au Soudan, notamment par le nombre croissant de personnes souffrant de malnutrition sévère et de famine, ainsi que par les nombreux obstacles qui retardent ou bloquent les interventions dans des zones clés", ont-ils ajouté.

Depuis avril 2023, le Soudan est plongé dans une guerre de pouvoir entre le chef de l'armée, Abdel Fattah al-Burhane, et son ancien adjoint, Mohamed Hamdane Daglo, chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (FSR). La guerre a fait des dizaines de milliers de morts, déraciné des millions de personnes et provoqué ce que l'ONU décrit comme la "pire crise humanitaire au monde".

L'armée contrôle le nord, l'est et le centre du pays, tandis que les FSR dominent la quasi-totalité du Darfour (ouest) et, avec leurs alliés, certaines zones du sud.

Présence de l'ONU

Les pays de la coalition ont appelé spécifiquement à "supprimer tous les obstacles bureaucratiques qui entravent et empêchent les activités humanitaires" et à ce que les parties en conflit s'engagent "à maintenir ouvertes les principales voies d'approvisionnement pour les convois et le personnel humanitaires, notamment par le biais de pauses humanitaires et d'autres dispositions si nécessaire".

Ils ont également exhorté les parties à permettre "une présence humanitaire durable des Nations unies dans tout le pays, notamment dans les zones où les besoins humanitaires sont urgents, en particulier dans les régions du Darfour et du Kordofan", ainsi que le rétablissement de l'accès aux télécommunications.

Le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE) a relayé sur X l'appel de la coalition, baptisée ALPS (Aligned for Advancing Life Saving and Peace in Sudan, soit en français Alignés pour faire progresser les efforts visant à sauver des vies et à instaurer la paix au Soudan).

Convoir d'aide attaqué

Signe de la persistance de la violence dans le pays, un convoi d'aide du Programme alimentaire mondial (PAM) a été attaqué mercredi près de la ville de Mellit, dans l'Etat du Nord-Darfour (ouest), a indiqué à l'AFP un porte-parole de l'agence onusienne.

Trois des seize camions du convoi qui transportait de l'aide humanitaire ont été endommagés et ont pris feu, a précisé Gift Watanasathorn, ajoutant que les membres du convoi étaient "sains et saufs". Le porte-parole n'a pas indiqué qui était à l'origine de l'attaque.

Depuis avril 2024, Mellit est contrôlée par les FSR. La ville est à 65 kilomètres au nord d'El-Facher, capitale du Nord-Darfour, assiégée par les paramilitaires depuis plus d'un an et dernier grand bastion tenu par l'armée dans l'ouest du pays.

Dans un communiqué, les FSR ont accusé l'armée d'avoir mené l'attaque lors d'un raid aérien. L'armée n'a pas réagi dans l'immédiat.

La famine comme arme de guerre

Selon le PAM, des milliers de familles piégées à El-Facher sont "menacées de famine", alors que les deux camps sont accusés d'utiliser la famine comme arme de guerre et d'entraver l'acheminement de l'aide.

Les humanitaires paient un lourd tribut au conflit: plus de 120 d'entre eux ont été tués depuis le début de la guerre, selon l'ONU. En juin, cinq humanitaires avaient péri dans une attaque similaire contre un convoi du PAM et de l'Unicef qui se dirigeait vers El-Facher.

Selon Médecins Sans Frontières (MSF), le Soudan connaît par ailleurs sa pire épidémie de choléra depuis des années, alimentée par le conflit en cours.

ATS
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