Nestlé cumule les déboires à sa direction
Avec le départ abrupt de Laurent Freixe, pris dans une affaire de relation privée, Nestlé change de directeur général pour la deuxième fois en un an. Plutôt habitués aux annonces financières du groupe, les investisseurs fondent leurs espoirs sur le nouveau patron.

Au terme d'une enquête lancée en mai, le conseil d'administration de Nestlé a estimé que "la relation amoureuse non déclarée avec une subordonnée directe constitue une infraction au Code de conduite professionnelle" du groupe, a indiqué ce dernier dans un communiqué lundi soir.
"C'était une décision nécessaire", a estimé le président du conseil d'administration Paul Bulcke, cité dans le document.
Le directeur général de Nespresso, Philipp Navratil, succède avec effet immédiat à M. Freixe. Au sein de Nestlé depuis 24 ans, il a débuté sa carrière en 2001 à la révision interne pour atteindre la direction des capsules de café l'an dernier.
"Le conseil d'administration est confiant que M. Navratil fera rapidement progresser notre stratégie de croissance et accélérera nos efforts en matière d'efficacité. Nous ne changeons pas de cap en ce qui concerne notre stratégie", a insisté M. Bulcke.
M. Freixe avait été nommé directeur général du groupe fin août 2024 alors qu'il était directeur de la région Amérique latine. Le Français avait rejoint l'entreprise en 1986.
Il a lui-même succédé au Germano-Américain Mark Schneider, à ce poste depuis 2016. Son départ avait alors été qualifié de "coup de tonnerre" et "sans précédent" par certains analystes, car les passations de pouvoir à la tête du paquebot alimentaire se font habituellement sur plusieurs années.
Encore avant lui, Paul Bulcke avait été remplacé fin juin 2016 par M. Schneider, afin de "déclencher une nouvelle ère pour Nestlé" et donner "un signal clair" pour notamment l'intégration des filiales axées sur la santé Nestlé Health Science et Nestlé Skin Care dans le groupe. En 150 ans d'histoire, il s'agissait du deuxième patron recruté en externe.
Paralysie des investisseurs
Le changement de patron pourrait entraîner "une incertitude paralysante", selon l'expert de la Banque cantonale de Zurich, Patrik Schwendimann. Le groupe "est en pleine relance stratégique après le départ de M. Schneider il y a tout juste un an", ajoute l'analyste Jean-Philippe Bertschy de Vontobel.
Pour Andreas von Arx, de Baader Helvea, ce sont "des signes à la fois positifs et négatifs", car le nouveau nommé à la tête du groupe pourrait renouveler l'élan stratégique de l'entreprise.
"Le fait que Nespresso compte parmi les produits phares de Nestlé, et soit de nouveau sur la voie du succès, devrait l'aider", estime M. Schwendimann. Le second analyste espère que le successeur "aura l'ambition de s'attaquer aux problèmes liés aux catégories et produits" comme les aliments surgelés, l'activité chocolat en Europe ou encore les eaux de premiers prix.
"L'une de ses premières priorités sera de sortir Nestlé de la mauvaise passe médiatique qu'il traverse actuellement", a ajouté M. Bertschy, en référence notamment aux déboires de Nestlé avec ses eaux minérales en France. De leur côtés, les investisseurs souhaiteront d'abord voir des progrès dans les chiffres.
A midi, le titre Nestlé reculait de 0,9% à 74,85 francs dans un indice SMI en baisse de 0,12%.