Un registre contre les abus

Mgr Morerod propose un registre numérique pour les prêtres, inspiré du modèle français, afin de vérifier leurs antécédents et leur droit d'exercer.

Mgr Charles Morerod veut un registre numérique des ecclésiastiques. © KEYSTONE/ANTHONY ANEX

Le président de la Conférence des évêques suisses, Charles Morerod, souhaite introduire un registre national pour le clergé. "Chaque paroisse pourra ainsi vérifier, via smartphone, s’il existe des reproches ou des restrictions concernant un prêtre", a déclaré Mgr Morerod dans une interview accordée à la Neue Zürcher Zeitung. Il évoque notamment les prêtres souffrant de maladies qui les rendent inaptes à exercer, ainsi que les mesures de prévention contre les faux prêtres et les cas d'abus sexuels.

L’évêque a pris la France pour modèle, soulignant qu’un tel système numérique y est déjà en place. Les prêtres recevraient une carte d'identité munie d'un code QR. Lors d'un recrutement, les paroisses pourraient ainsi vérifier s'il existe des antécédents concernant le prêtre en question. Un système similaire est actuellement en réflexion dans son diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, a précisé Mgr Morerod. Il a ajouté que des accords existent entre les praticiens romands et la France, où certains prêtres célèbrent des messes de l'autre côté de la frontière. Ceux-ci devront donc nécessairement s'aligner sur ce système.

Selon Mgr Morerod, tout le monde n’est pas encore convaincu par ce système au sein de la Conférence épiscopale, notamment en Suisse alémanique, où ce modèle français est encore peu connu. "Mais le processus est lancé", a-t-il ajouté. Bien que des "cartes d'identification" appelées "Celebret" existent déjà — un document attestant qu'un prêtre a été ordonné, qu’il est rattaché à un diocèse ou une communauté, et qu'il peut célébrer les sacrements — cette carte ne permet pas de valider s'il est actuellement autorisé à exercer.

Un processus d’apprentissage nécessaire

La gestion des cas d’abus au sein de l’Église catholique romaine reste un sujet de débat constant, surtout depuis la publication d'une étude de l’Université de Zurich en 2023. Cette étude a révélé que des prêtres et religieux catholiques avaient commis plus de 1 000 abus sexuels en Suisse depuis 1950, avec probablement un nombre de cas non recensés encore plus élevé. À la suite de la publication du rapport, l’Église a annoncé des mesures pour lutter contre les abus sexuels et leur dissimulation.

Concernant la protection des auteurs et des victimes, Mgr Morerod a déclaré au quotidien zurichois: "J’ai moi-même suivi un apprentissage." Il a expliqué que ce processus avait commencé lorsqu’il a commencé à échanger et écouter les témoignages des victimes d’abus. "Dans l’Église, beaucoup n’ont cependant pas fait cette expérience jusqu’à aujourd’hui. En conséquence, ce processus d’apprentissage leur fait encore défaut", a-t-il ajouté.

La mise en œuvre de la carte d'identité avec QR code devrait être effective d’ici cet automne dans le diocèse de Fribourg, Lausanne et Genève.

ATS / RadioFr.
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