Les bouteilles de vin suisse bientôt floquées d'un code QR?

Les vignerons devront peut-être afficher les calories de leurs bouteilles. Une mesure qui n'enchante pas les professionnels fribourgeois.

Les bouteilles de vins suisses pourraient arborer un code QR. © KEYSTONE

C'est une mesure dont les vignerons suisses ne veulent pas entendre parler. Des codes QR pourraient un jour venir garnir leurs bouteilles de vin pour en préciser les données nutritionnelles. Pas dans l'immédiat, mais un paquet d'accords est actuellement en consultation du côté de la Confédération.

Cette nouvelle exigence dans la branche viti-vinicole s'inscrit dans un contexte d'harmonisation des normes avec les règlements européens. Les vignerons qui exportent leurs produits en Europe sont d'ailleurs déjà astreints à apposer un code QR.

Des normes UE dans un canton qui n'exporte pas 

La question du code QR sur les bouteilles est-elle déjà abordée dans le canton? "Pas encore en profondeur", répond Johanna Rouiller, directrice de l'Interprofession des vins du Vully (AIVV). La mesure ne devrait pas être appliquée dans un avenir immédiat. "On n'espère même pas du tout", sourit celle qui a grandi dans le Vully.

Si l'inscription des calories sur chaque chopine semble encore un peu lointaine, l'opinion sur cette nouvelle exigence est déjà bien formée. "On est une petite région, on n'exporte pas de vin, justifie Johanna Rouiller. On n'a donc aucun intérêt à vouloir s'accorder aux législations européennes. Nos vins sont vendus uniquement en Suisse. On ne pense pas à l'international."

L'AIVV rassemble quelque 160 hectares de cultures partagés dans des parcelles de 2 à 16 hectares. La petitesse du Vully (qui ne lui empêche pas de remporter une première place au plus grand concours vinicole du pays): c'est l'autre argument de l'interprofession. "Des analyses sont déjà faites sur le taux d'alcool, explique Johanna Rouiller.  [Ajouter de nouvelles analyses] pose des questions de charges administratives et financières pour ces petites structures qui ne peuvent pas en encaisser plus."

Des viticulteurs pas toujours au courant

La branche viti-vinicole connait plusieurs évolutions de normes. Elles sont issues d'accords bilatéraux avec l'Europe et la reprise de certains règlements européens. Certaines règles sont déjà en vigueur, notamment celles relatives à l'ordonnance sur les boissons.

D'un autre côté, il y a "Le guide des bonnes pratiques d’élaboration du vin (GBPEvin)", détaille David Aeschlimann, Conseiller scientifique à Grangeneuve, responsable des questions viti-vinicoles. "On demande par exemple aux viticulteurs de prouver qu’aucun corps étranger ne puisse se trouver dans la matière première, explique-t-il. Les viticulteurs ne sont pas toujours au courant de ces nouvelles normes. Ils le découvrent lors de contrôles, soit du Contrôle suisse du commerce des vins (CSCV), soit du chimiste cantonal. Ceci n'est bien sûr pas optimal et nous tentons de combler ces lacunes par de la communication et de la formation, en collaboration avec l'AIVV."

RadioFr. - Nathan Clément
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