La hallebarde en pins qui crispe le Parlement fribourgeois

Une nouvelle mode est apparue au début de la session de novembre du Grand Conseil: des députés UDC portent fièrement un petit pins rouge représentant une hallebarde, arme emblématique de la Suisse ancienne. Pour le parti, il s’agit avant tout d’un geste politique clair: dire non aux accords bilatéraux et rappeler l’attachement à l’indépendance du pays.

"Ce pins donne comme message “on est la Suisse et on veut rester indépendant”. La hallebarde montre qu’on retourne à nos racines", explique Flavio Bortoluzzi, député et chef de groupe UDC au Parlement fribourgeois.

Une apparition qui choque à gauche

Une initiative loin de passer inaperçue sur les bancs de l’hémicycle. À gauche, l’apparition de ce symbole suscite l'incompréhension. "J'étais un peu choqué en arrivant à la session et en voyant cette hallebarde sur la veste de plusieurs de mes collègues", confie Vincent Pfister, député Centre-gauche. "La hallebarde reste une arme de guerre et en plus là elle est de couleur rouge sang. Cela veut dire qu'ils sont prêts à dégainer les armes si on n'est pas d'accord avec eux."

Outre son aspect belliqueux, la hallebarde porte un héritage historique encombrant. L’arme a été utilisée comme signe de ralliement par plusieurs mouvements d’extrême droite. Un média numérique radical suisse porte d’ailleurs aujourd’hui le nom de « La Hallebarde ».

Un choix qui s’inscrit dans une continuité plus ancienne, rappelle l’historien Jean-Pierre Dorand: "La hallebarde était le titre d'un journal antisémite dans les années 1930. Cet emploi d'un symbole suisse avait été dénoncé par le Parti des Paysans, Artisans et Bourgeois bernois, ancêtre de l'UDC."

L’UDC fribourgeoise affirme ignorer cet héritage et assure n’utiliser la hallebarde que comme symbole d’opposition aux accords bilatéraux.