"La formation est un investissement, pas une dépense"
À la tête de Swiss Universities, Luciana Vaccaro défend l’investissement public dans la formation et plaide pour une Suisse pleinement connectée à l’Europe.

Radio Fribourg: Luciana Vaccaro, vous êtes présente à Fribourg ce mercredi pour la journée « Connexions ». De quoi s’agit-il?
Luciana Vaccaro: C’est la journée institutionnelle de la Haute École spécialisée de Suisse occidentale, HES-SO. Après les 25 ans fêtés il y a deux ans, nous avons instauré ce rendez-vous annuel pour célébrer notre institution, réunir la communauté et réfléchir à son présent et à son futur.
La Suisse est à nouveau associée au programme Horizon Europe. Qu’est-ce que cela change?
Nous retrouvons un statut pleinement équivalent à celui des autres pays membres ou associés. Nos chercheurs peuvent concourir à des bourses prestigieuses, coordonner des projets et réintégrer cette grande famille de la recherche européenne.
Et où en est la question d’Erasmus+ pour la Suisse?
La Suisse n’en fait plus partie depuis 2013. Nous fonctionnons avec le programme national SEMP, plus contraignant. Erasmus+ ne concerne pas seulement la mobilité : il inclut des coopérations institutionnelles et des partenariats. Nous pourrions rejoindre le programme dès 2027, si le Parlement accepte un financement supplémentaire.
Les hautes écoles sont confrontées à des restrictions budgétaires. Comment réagissez-vous?
Je comprends la volonté de finances publiques saines, mais la formation et la recherche sont des investissements, pas des dépenses. Un franc investi rapporte trois à cinq francs à la société. Les décisions d’aujourd’hui auront des effets durables sur les générations futures.
Certains étudiants craignent une augmentation des taxes. Que leur répondez-vous?
Les taxes suisses sont parmi les plus basses d’Europe, et c’est essentiel pour l’égalité des chances. La formation est financée par les impôts ; il ne serait pas pertinent de faire porter l’effort sur les étudiants. Ce serait un mauvais choix à long terme.
L’Europe souhaite attirer des chercheurs américains. En voit-on déjà arriver en Suisse?
Je n’ai pas de chiffres, mais les intentions ont augmenté. Notre système est ouvert, chacun peut postuler. Le plus important est de préserver nos valeurs — liberté académique et autonomie — et de soutenir aussi nos chercheurs restés aux États-Unis.
Quels sont vos objectifs pour votre nouveau mandat à la tête de la HES-SO?
Renforcer la connexion : avec les étudiants via des parcours plus flexibles, avec le marché du travail dans les domaines en pénurie, avec les régions via les PME, et avec l’Europe. Les décisions politiques sur les relations Suisse-UE auront un impact direct sur notre capacité à rester innovants.
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