Euro: un miracle possible face à la Roja?

La Suisse fait face à un immense défi en quart de finale de "son" Euro vendredi à Berne. Les joueuses de Pia Sundhage veulent croire que l'exploit est possible face à l'Espagne, championne du monde.

La capitaine Lia Wälti (à droite) et la gardienne Livia Peng sont optimistes avant de défier la Roja. © KEYSTONE/TIL BUERGY

"La pression était tellement forte lors des trois derniers matches que c'est vraiment agréable de pouvoir enfin s'en libérer. Je pense qu'on peut profiter de cet élan pour réaliser l'impossible": Comme toutes ses coéquipières s'étant présentées aux médias cette semaine à Thoune, au camp de base de l'équipe de Suisse, Lia Wälti a nourri l'espoir d'un miracle sur la pelouse du Wankdorf.

Oui, les rôles sont clairement définis: l'Espagne est favorite, la Suisse est outsider. Mais la Roja "doit" gagner, alors que la Nati n'a "rien à perdre".

Aucun point faible?

Battre cette formidable sélection espagnole aux quatre Ballons d'Or (Alexia Putellas et Aitana Bonmati l'ont remporté chacune deux fois), principale candidate à la victoire finale, constituerait sans aucun doute le plus grand exploit du football féminin suisse, voire même du football helvétique tout court. Il surpasserait l'improbable succès des hommes d'Ottmar Hitzfeld face à l'Espagne, en phase de groupes de la Coupe du monde 2010, ce 1-0 mémorable acquis à la faveur d'un but de Gelson Fernandes.

Contre un adversaire dont l'ossature est celle d'un FC Barcelone qui domine la scène européenne depuis cinq ans, la Suisse n'aura pas souvent le ballon dans les pieds. Elle devra surtout défendre et profiter de la moindre occasion de se projeter en contre-attaque pour tenter de mettre en difficulté la défense ibérique.

L'arrière-garde de la Roja constitue l'un des rares secteurs de jeu critiqués par une presse espagnole toujours aussi exigeante, pour laquelle les deux buts encaissés lors du large succès contre la Belgique (6-2) ont fait tache. "On pense toujours qu'elles ont des soucis en défense, mais si elles ont toujours le ballon, c'est parce qu'elles défendent extrêmement bien", estime toutefois Lia Wälti. "Elles récupèrent les ballons très rapidement et c'est ce qui va nous mettre à rude épreuve."

La bataille du milieu

Avec Smilla Vallotto et Géraldine Reuteler dans l'entrejeu, la joueuse d'Arsenal aura fort à faire face au meilleur milieu de terrain du monde: le trio blaugrana composé d'Alexia Putellas, Aitana Bonmati et Patricia Guijarro. "On connaît leur classe, mais on sait aussi qu'elles n'aiment pas trop lorsque le jeu devient physique", rappelle Wälti, qui a pu profiter d'une semaine sans match pour reprendre des forces après un premier tour qu'elle a bouclé sur les rotules. La capitaine courage de l'équipe de Suisse était longtemps incertaine avant l'Euro et sa sélectionneuse a elle-même été surprise de voir la Bernoise de 32 ans tenir son rang durant 270 minutes.

Reste à savoir si les Suissesses seront au complet pour relever le plus grand défi de leur carrière. La présence des 23 joueuses à l'entraînement mercredi a rassuré après l'annonce d'une vague de rhumes ayant contraint cinq d'entre elles à s'isoler en début de semaine. Mais il faut vraiment espérer que le virus a bien été contenu et que les onze meilleures joueuses puissent être alignées vendredi dans la capitale.

Un public vital

Pour toucher du doigt l'intangible, la sélection de Pia Sundhage pourra en tout cas compter sur un public sans lequel elle n'aurait jamais pu atteindre ce quart de finale déjà historique. "C'est clairement notre point fort. Le fait d'avoir ce soutien nous motive sans commune mesure", souligne Nadine Riesen, pour qui l'équipe de Suisse "n'a jamais été aussi soudée que maintenant".

La latérale gauche avait vécu il y a deux ans la funeste élimination en huitièmes de finale de la Coupe du monde face à cette même Roja (5-1), à Auckland. "C'était une défaite claire et nette, mais pour être honnête, on n'en a plus vraiment parlé depuis", assure la joueuse de l'Eintracht Francfort.

Il faut dire que la Suisse n'a plus grand-chose à voir avec cette équipe revenue de Nouvelle-Zélande en perdition. Entraînées par une sélectionneuse rusée qui ne s'est pas encore trompée dans ses choix, électrisées par une bande de futures stars sans complexe (Iman Beney, Sydney Schertenleib, Leila Wandeler, Noemi Ivelj), ces Suissesses semblent bien capables de soulever des montagnes. Sans oublier leur atout numéro 1, encore souligné par Nadine Riesen: "On a tout un pays derrière nous. Comment ne pas être confiantes et optimistes?"

ATS
...