"Ne pas exploiter la géothermie est une erreur"

Géothermie, surproduction solaire et stockage de l'énergie... Claude Thürler, directeur de Gruyère Energie SA, est l'invité de la semaine.

La géothermie profonde permettrait de produire de la chaleur pour les maisons et de l'électricité. © KEYSTONE/Frapp

Radio Fribourg: Cette semaine s'ouvre le salon Energissima à Bulle, pour parler d'énergie et de technologie durable. Claude Thürler, vous êtes le directeur de Gruyère Energie SA, et vous y serez. Parmi les solutions prometteuses pour l'avenir, il y a la géothermie. Vos camions ont sillonné le district l'automne dernier, à la recherche de sources d'eau chaude pour alimenter le réseau de chauffage à distance. Un projet comme celui-ci, si on veut arriver au bout, représente-t-il plusieurs dizaines de millions?

Claude Thürler: Ça dépend de ce que l'on veut faire. Ce projet est un investissement conséquent, mais c'est une ressource importante. Tellement importante, qu'on ne peut pas se permettre de ne pas tenter de l'exploiter. Elle est potentiellement quasi infinie, n'a pas d'odeur, pas de bruit et pas d'impact visuel. Ne pas en profiter serait une erreur.

Cette énergie du sous-sol, à quoi servira-t-elle?

Elle aura deux applications principales. De l'eau à une profondeur de 3'000 mètres sous le sol a une température de plus de 100 degrés. Avec un débit suffisant, on pourra alimenter notre chauffage à distance avec une énergie parfaitement renouvelable et durable, à des prix probablement très compétitifs. On peut aussi espérer en générer de l'électricité renouvelable. Ces deux vecteurs seront clés pour notre projet.

Et puis, il y a le solaire aussi. On installe de plus en plus de panneaux et on le voit déjà maintenant, avec beaucoup de soleil, on se retrouve avec des pics de surproduction. Qu'allons-nous faire de cette électricité qui sera de plus en plus présente, surtout au printemps et en été?

C'est effectivement un phénomène réel, avec des prix négatifs sur l'énergie à certains moments en raison de cette surproduction que nous avons déjà vécue l'année dernière. Il faut résoudre l'autre gros problème de l'énergie: celui du stockage. Le renouvelable ne fonctionne pas sans cet élément et c'est aujourd'hui ce qui nous manque, d'où les prix négatifs qui pourraient cannibaliser le solaire. Dans ce cadre, nous développons des projets, notamment avec la production d'hydrogène.

Ça fait quand même de nombreuses années que nous parlons de ce problème de stockage. Sommes-nous enfin arrivés à des solutions qui sont prometteuses?

Il y a les batteries chimiques, pour stocker en heures et en jours. L'hydrogène, sous sa forme hydrométallique ou encore sous d'autres formes gazeuses, est prometteur. Et puis on parle aussi du power to mix. Il faut utiliser toutes les technologies pour nous permettre de résoudre ce problème conséquent, qui nécessite un engagement fort des entreprises. Il faut beaucoup d'investissement, beaucoup de résilience et beaucoup de courage pour mener à bien des projets spécifiques.

Écouter l'interview complète:

RadioFr. - Loïc Schorderet / Adaptation web: Mattia Pillonel
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