Huit bijoux "inestimables" volés au Louvre

Un cambriolage spectaculaire a eu lieu dimanche matin peu après l'ouverture du Louvre, le musée le plus visité au monde. Un commando de quatre malfaiteurs s'est emparé de huit bijoux du XIXe siècle d'une "valeur inestimable" avant de prendre la fuite.

Des malfaiteurs en fuite ont dérobé dimanche matin des bijoux exposés au Louvre. (archives) © KEYSTONE/AP/JULIA DEMAREE NIKHINSON

Aux alentours de 09h30, les cambrioleurs se sont introduits dans la galerie d'Apollon du musée, qui abrite notamment les joyaux de la Couronne de France, brisant les fenêtres de la salle à l'aide de disqueuses après s'être hissés depuis l'extérieur sur une nacelle. Les bijoux étaient protégés par deux vitrines haute sécurité.

Le montant du butin est en cours d'estimation, mais les bijoux dérobés sont d'une "valeur inestimable", a déclaré le ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez, invité de France Inter/Franceinfo/Le Monde.

Parmi les huit objets volés figurent le collier de la parure de saphirs de la reine Marie-Amélie et de la reine Hortense, composé de huit saphirs et 631 diamants, et le diadème de l'impératrice Eugénie, épouse de Napoléon III, qui compte près de 2000 diamants.

Un neuvième objet, la couronne de l'impératrice Eugénie, a été abandonné dans leur fuite par les malfaiteurs et son état est "en cours d'examen", a détaillé le ministère de la Culture dans un communiqué, évoquant une effraction "particulièrement rapide et brutale".

"Sept minutes"

Selon M. Nuñez, l'opération, qui n'a duré que "sept minutes", est le fait de cambrioleurs "chevronnés" qui pourraient être "étrangers". Le ministre a assuré avoir "bon espoir" que les malfaiteurs, qui ont pris la fuite à scooter, soient interpellés "très rapidement".

"Nous retrouverons les oeuvres et les auteurs seront traduits en justice", a promis dimanche soir sur X Emmanuel Macron, déplorant un vol qui est "une atteinte à un patrimoine que nous chérissons car il est notre Histoire".

Sur BFMTV, la procureure de Paris Laure Beccuau a évoqué un "commando" de quatre personnes qui ont agi "le visage dissimulé" et ont "menacé les gardiens présents sur les lieux (...) avec les disqueuses" utilisées pour fracturer les vitrines.

La magistrate a également mentionné la possible existence de "commanditaires" et de "petites mains" au sein de ce groupe criminel.

Une source proche du dossier avait affirmé dans la matinée qu'un de leurs scooters avait été retrouvé, une information qui n'a toutefois "pas été confirmée" selon Mme Beccuau.

Une enquête notamment pour vol en bande organisée a été ouverte et confiée à la Brigade de répression du banditisme (BRB).

"Scénario hollywoodien"

Les visiteurs du musée, qui avait ouvert ses portes à 09h00, ont été rapidement évacués "sans incident aucun", a indiqué Le Louvre à l'AFP.

"Cela ressemble (...) à un scénario de film hollywoodien", a estimé Talia Ocampo, touriste américaine, interrogée par l'AFP à proximité du musée qui a fermé ses portes pour toute la journée.

"On pourrait penser que le Louvre, parmi tous les endroits possibles, dispose de la meilleure sécurité au monde, non ?", s'est étonnée Janie, autre touriste américaine, après avoir dû quitter ce musée qui a accueilli près de 9 millions de visiteurs en 2024.

C'est la ministre de la Culture Rachida Dati qui, la première, a rendu public le cambriolage, évoquant sur X un "braquage" dans ce musée de 73'000 m2 qui abrite environ 35'000 oeuvres d'art, dont la célébrissime Joconde, et dont la sécurisation est un immense défi logistique.

"On sait très bien qu'il y a une grande vulnérabilité dans les musées français", a déclaré le ministre de l'Intérieur, interrogé sur de possibles failles dans le dispositif de surveillance.

Indignation à l'extrême droite

Les propos du ministre font écho à plusieurs récents cambriolages dans des musées en France. Mi-septembre, des spécimens d'or natif d'une valeur de 600'000 euros ont été volés lors d'une effraction au Muséum national d'Histoire naturelle de Paris. En septembre encore, un musée de Limoges a subi un cambriolage dont le préjudice est estimé à 6,5 millions d'euros.

"La criminalité organisée aujourd'hui s'attaque aux objets d'art et les musées sont devenus des cibles", a estimé Rachida Dati sur TF1, affirmant qu'il fallait "adapter ces musées aux nouvelles formes de criminalité".

Le Rassemblement national (RN, extrême droite) s'est indigné du cambriolage, estimant qu'il constituait une "humiliation" et révélait que les musées français n'étaient "pas sécurisés à la hauteur des menaces qui pèsent sur eux".

L'adjoint écologiste à la mairie de Paris, David Belliard, a lui estimé que les agents du Louvre avaient récemment "alerté sur les failles de sécurité" mais qu'ils n'avaient pas été entendus.

Le dernier vol recensé au Louvre avait eu lieu en 1998 quand une toile du peintre français Camille Corot avait été dérobée. Elle n'a jamais été retrouvée.

ATS
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