Le logement : une bombe à retardement pour les plus démunis

La crise du Covid-19 aura intensifié les tensions liées à l’accès au logement pour les personnes avec un revenu modeste. Explications.

Ecoutez le témoignage de Pascal Krattinger, Responsable du Service du logement à l'Etat de Fribourg. © Fred Jonin / Frapp

La plateforme d'échange "1Toitàtoi" (article du 1er février 2022) souhaite sensibiliser les politiques et la population fribourgeoise sur l'impact de la pandémie pour les personnes les plus démunies, à travers divers témoignages en collaboration avec le média Frapp.ch. Après Cédric Fazan, Directeur du Tremplin (article du 8 février 2022), c'est au tour de Pascal Krattinger, Responsable du Service du logement à l'Etat de Fribourg, de s'exprimer sur les complications amenées par le Covid en terme de logement pour les plus défavorisés. 

En Suisse, la part du revenu dévolue au logement se monte généralement à 25% en moyenne.  Dans les populations défavorisées, cette part se monte plus souvent au tiers, voire au 40% du revenu. L’arrivée d’une crise comme celle du Covid-19, d’une modification de la structure familiale ou d’une baisse du revenu, entraîne dès lors une charge liée au logement insupportable.

Les nombreux nouveaux logements qui sont sur le marché sont très souvent financièrement inaccessibles à toute une partie de la population. Aujourd’hui, les services liés au logement, que ce soit Caritas Fribourg ou les services de l’Etat, reçoivent de plus en plus d’appels, tantôt pour savoir où déménager pour payer moins cher, tantôt pour demander un soutien en période de Covid. On aide bien les entreprises, pourquoi ne pas aider les personnes qui ne reçoivent plus l’intégralité de leur salaire ? Et les exemples dans ce domaine sont nombreux : employés en RHT mais qui ne reçoivent que 80% de leur salaire, salariés licenciés qui peinent à retrouver un travail et dont les indemnités de chômage ne représentent que le 70 à 80% du salaire, employés dont le taux de travail a été diminué en raison de la crise.

L’équation est délicate

Plusieurs embûches se mettent sur la route des familles en situation de précarité. En principe, les agences immobilières sont très regardantes vis-à-vis de la solvabilité des locataires. Mieux vaut donc ne pas avoir de poursuites si l’on veut pouvoir déménager. Pourtant, nombreuses sont les personnes qui ont des retards dans le paiement de leur loyer ou qui sont en détresse car elles n’arrivent pas à obtenir un logement, faute de garantie financière suffisante.

Pour se loger moins cher, il faut parfois se résigner à s’éloigner des centres, mais cela équivaut souvent à devoir acheter une voiture pour aller travailler, ce qui grève d’autant un budget déjà malmené.

La crise du Covid-19 aura intensifié les tensions liées à l’accès au logement, de par le simple fait que les personnes avec un revenu modeste n’ont pas les garanties financières suffisantes pour pouvoir déménager même si le coût de leur logement est devenu trop lourd pour leur budget. Dans la réalité, les familles fribourgeoises en situation de précarité sont donc souvent condamnées à rester dans des logements trop petits, voire insalubres.

Or, se loger est un besoin vital. Le temps est donc venu d’offrir davantage de logements abordables, qui ne seraient certes pas équipés de toutes les dernières nouveautés domotiques, mais qui permettraient d’accueillir la population la plus modeste avec dignité. Des choix pragmatiques doivent être faits.