Le Covid a décuplé la solidarité citoyenne

Grâce à la créativité des professionnels, plusieurs projets sociaux ont vu le jour pendant la pandémie, dans un bel esprit de solidarité.

Ecoutez le témoignage d'Emmanuelle Barboni, directrice du Radeau à Orsonnens. © Fred Jonin / Frapp

La plateforme d'échange "1Toitàtoi" (article du 1er février 2022) souhaite sensibiliser les politiques et la population fribourgeoise sur l'impact de la pandémie pour les personnes les plus démunies, à travers divers témoignages en collaboration avec le média Frapp.ch. Aujourd'hui, la parole est donnée à Emmanuelle Barboni, directrice du Radeau à Orsonnens.

25 février 2020, le premier cas positif au COVID est découvert en Suisse, c’est le début de la crise sanitaire. Deux ans plus tard, l’association 1ToitàToi, se retrouve face à un constat : tous-tes les professionnel-les du social et de la santé n’ont eu de cesse de s’adapter pour trouver des stratégies face à ce virus destructeur de vie et de liens, facilitateur de conflits, mais aussi virus à l’origine de créativité et de solidarité.

En tant que directrice du Radeau, association œuvrant avec des personnes souffrant d’addictions, le premier exemple dont se souvient Emmanuelle Barboni est en lien avec le manque de masques en début de pandémie. Certaines institutions se sont tout de suite mises à confectionner des masques en tissus, tous plus jolis les uns que les autres. Elle se rappelle avoir eu rendez-vous avec une personne responsable d’une institution partenaire sur un parking pour un don d’une trentaine de masques lavables à l’intention des bénéficiaires et des intervenant-e-s du Radeau. Ce geste de solidarité la touche aujourd’hui encore.

Histoires de créativité

En vrac, citons la mise en place du télétravail, de réseaux de conférence permettant l’émergence de concepts, de réflexions nouvelles et l’approfondissement de pistes sur certains dossiers complexes. La créativité des équipes a été jusqu’à la mise en place de plateformes en ligne pour répondre aux questions et aux insécurités de toutes et tous.

A REPER, association œuvrant dans la promotion de la santé et de la prévention pour les jeunes, le temps dégagé pendant le semi-confinement a permis de développer de nouveaux projets comme le PermaFries, jardin en permaculture dans lequel les jeunes se sont engagés.

D’autres institutions ont également développé des projets en lien avec la nature, à l’instar des Traversées, qui accompagne des personnes en situation de handicap psychique. Cela a poussé les bénéficiaires à sortir plus souvent, leurs réticences s’estompant face aux bienfaits d’une simple balade en forêt.

Histoires de solidarité 

Plusieurs histoires de solidarité se sont jouées au Radeau, par exemple. En effet, cette association a vu trois de ses personnes accueillies lancer le pain « solidarité » : trois fois par semaine, une production de boulangerie a été réalisée avec 3 types de pain différents, en vente au self. Cette offre sans contact s’est avérée utile et valorisante, tant pour les bénéficiaires du Radeau, que pour la clientèle.

Un autre groupe du Radeau a pris l’initiative de rénover les meubles de la terrasse du jardin à partir de palettes. Toujours au Radeau, une collaboratrice, soucieuse du manque de liens pour les bénéficiaires externes suivis de manière ambulatoire, a pris l’initiative d’organiser un pique-nique en forêt, dans le respect des normes sanitaires en vigueur.

Du point de vue de la solidarité entre professionnel-les, on peut citer l’esprit d’équipe renforcé, le personnel administratif n’hésitant pas à se porter volontaire pour travailler en foyer en cas de besoin, les collaborateurs et collaboratrices modifiant leurs horaires spontanément pour éviter les trajets ou les contacts inutiles et dangereux.

Durant la première vague, dans les soins à domicile, plusieurs patient-e-s ont joué la carte de la solidarité en annulant leurs rendez-vous, se disant non prioritaires. Les services d’ergothérapie ont proposé de faire les courses pour leurs patient-e-s, preuve d’une grande capacité d’adaptation. Dans chaque secteur du social, des vacances ont été reportées, des jours de congé annulés, afin de répondre aux besoins et d’assurer un suivi de qualité.

Citons encore la formidable action de solidarité, initiée par REPER, consistant en la récolte et la distribution d’aide alimentaire pour les plus démuni-e-s. Cette action a mené à la création du « Collectif Dignité », réunissant plus de 80 institutions, associations ou fondations fribourgeoises qui œuvrent encore aujourd’hui auprès des autorités fribourgeoises et de la population.

Alors, entre février 2020 et janvier 2022, il y a certes eu plusieurs vagues de Covid-19 avec leurs lots d’incompréhension et de nouvelles connaissances. Mais pendant cette crise hors du commun, les professionnel-les du social et de la santé ont aussi multiplié les nouveaux projets et développé leur créativité et leur solidarité pour aboutir à un concentré de nouveaux outils bienveillants, d’idées innovantes, d’apprentissages réalisés et de liens partagés.

Retrouvez les précédents témoignages liés à "1Toiàtoi" ci-dessous :

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